Ferring investit dans un centre biotech à Saint-Prex
Sur La Côte vaudoise, le laboratoire prévoit de délivrer un principe actif destiné à un traitement personnalisé contre l’infertilité. Cinquante nouveaux emplois seront créés
Le groupe pharmaceutique Ferring se renforce à Saint-Prex, sur les rivages vaudois du Léman, où se trouve son siège mondial depuis douze ans. Celui-ci a annoncé mardi l’ouverture d’un nouveau centre de biotechnologie de 2000 mètres carrés, dans lequel 30 millions de francs ont été investis. Les premiers laboratoires seront opérationnels en 2019 et la production démarrera en 2020. «Ce nouveau centre verra le jour dans un bâtiment déjà existant. Cinquante nouveaux emplois y seront créés», a précisé Michel Pettigrew, président du comité exécutif de Ferring.
Des activités de production et de recherche & développement d’anticorps monoclonaux y seront réunies. «Nous allons y produire une hormone folliculo-stimulante humaine recombinante. Il s’agit du principe actif du Rekovelle, un traitement personnalisé contre l’infertilité», explique Hervé Udriot, vice-président.
Un couple sur six
Le Rekovelle est utilisé dans les cas de fécondation in vitro. Ce traitement, déjà commercialisé dans 15 pays, a obtenu son autorisation de mise sur le marché pour la Suisse en novembre dernier. Il a pour particularité d’offrir un traitement personnalisé basé sur le poids et les mesures hormonales des patientes. «Il s’agit d’une approche sur mesure permettant de délivrer la bonne dose au bon moment. Ce traitement complète la palette des produits à disposition des médecins», note Hervé Udriot.
Jusqu’à présent, Ferring produisait ce principe actif uniquement en Israël. Désormais, le groupe travaillera avec deux centres de production capables de délivrer cette hormone recombinante. Celle-ci sera ensuite acheminée en Allemagne pour sa formulation avant de faire son retour à Saint-Prex afin d’y être conditionnée et emballée.
«Notre domaine thérapeutique principal est celui de la médecine de la reproduction et de la santé des femmes», précise Hervé Udriot. Ferring figure parmi les trois acteurs clés dans ce domaine au niveau mondial, aux côtés de Merck à Aubonne notamment. L’entreprise bénéficie du fait qu’un couple sur six soit obligé de recourir à une fécondation in vitro pour avoir des enfants.
Deux millions de boîtes empaquetées chaque mois
Le groupe, qui emploie 700 personnes à Saint-Prex et 6500 à travers le monde, a réalisé un chiffre d’affaires de 2,3 milliards de francs en 2017, contre 2,15 milliards en 2016. Société privée, détenue à 100% par Frederik Paulsen – fils du fondateur de cette entreprise créée en 1950 à Malmö en Suède –, Ferring ne publie pas ses résultats. Elle connaît une croissance régulière de son chiffre d’affaires, d’environ 10% par année. «En tant que société privée, nous avons le temps d’investir et de travailler sur la science», a souligné Michel Pettigrew, qui s’appuie sur dix centres de recherche et 11 sites de production dans le monde. Outre la médecine reproductive, Ferring développe et commercialise des traitements dans les domaines de l’urologie, la gastro-entérologie, l’endocrinologie et l’orthopédie.
Le groupe possède des filiales dans quelque 60 pays. A Saint-Prex, Ferring fabrique notamment le Minirin, un médicament pour traiter l’énurésie, ainsi que le Pentasa, un traitement des maladies inflammatoires de l’intestin. Près de 60% de la production mondiale du groupe passe par l’usine de Saint-Prex, principalement pour les activités de conditionnement. Chaque mois, deux millions de boîtes sont empaquetées, avant d’être distribuées.
Pour pénétrer dans les salles de production du groupe Ferring, il faut se laver les mains, les désinfecter et se couvrir de la tête au pied. Des bras robotisés d’une machine ABB déposent des flacons sur un tapis roulant, qui sont ensuite poussés dans des emballages en carton. L’usine tourne à plein régime et devrait encore accélérer la cadence.