La transformation de Credit Suisse semble porter ses fruits
La banque aurait publié des bénéfices en 2017 sans l’effet de la réforme fiscale américaine. Elle en publiera certainement en 2018, prévoit-elle
Credit Suisse s’apprêtait à publier son premier bénéfice annuel depuis trois ans. La réforme fiscale américaine en a décidé autrement. La banque a dû enregistrer une dépréciation à hauteur de 2,7 milliards de dollars, un peu plus que les 2,3 milliards que la banque avait calculés et annoncés en décembre dernier. Comme UBS et toutes les autres banques, elle avait pu profiter d’un programme permettant de retarder le paiement d’impôts à la suite des pertes liées à la crise financière.
Or la baisse de l’impôt sur les entreprises aux Etats-Unis diminue la valeur de ces crédits dont les établissements pensaient pouvoir bénéficier. Le réajustement a donc conduit Credit Suisse à publier une perte nette annuelle de 983 millions, a expliqué l’établissement dans son communiqué mercredi. Sans cet effet, le bénéfice aurait atteint 1,8 milliard pour 2017, en hausse de 4 milliards par rapport à 2016.
Surtout, cet effet fiscal dissimule ce qui ressemble de plus en plus à un retournement d’une banque qui a accumulé les difficultés. Toutes les divisions affichent des chiffres noirs, pour la plupart au-dessus des prévisions des analystes. L’entité suisse enregistre même son huitième trimestre consécutif de croissance du bénéfice avant impôts. Sur la gestion de fortune internationale, Credit Suisse s’autocongratule même, jugeant la performance – un bénéfice en hausse de 35% à 1,5 milliard – «exceptionnelle». Les afflux nets de fonds dans cette division, qui regroupe gestion de fortune et d’actifs, s’élèvent à 35,9 milliards.
Le groupe prévoit de distribuer un dividende de 0,25 franc par action, puisant les fonds dans les réserves. Il présentera également à sa prochaine assemblée générale deux nouveaux administrateurs à élire, Michael Klein, un ancien de Citigroup, et Ana Paula Pessoa, administratrice de News Corp et Vinci. Richard Thornburgh, lui, va se retirer. Pour Tidjane Thiam, directeur général de Credit Suisse, «les résultats pour l’année 2017 que nous présentons aujourd’hui sont, selon nous, la preuve tangible de l’impact positif de nos efforts de restructuration sur la performance du groupe». Sa stratégie, lancée il y a deux ans, fonctionne-t-elle? «Dans l’ensemble, la qualité des résultats est bonne», selon Loïc Bhend, analyste chez Bordier à Genève. Il considère qu’«au final, la restructuration du groupe porte effectivement ses fruits».
Action en hausse
A son arrivée, Tidjane Thiam a lancé un programme de redressement de la banque, dont la troisième et dernière année vient d’être entamée. Cette stratégie incluait une augmentation de capital, une réduction des activités risquées et une plus grande concentration sur la gestion de fortune. Une stratégie qui avait d’abord suscité le scepticisme d’une partie des investisseurs. Credit Suisse a aussi lancé un vaste programme de réduction des coûts, qui atteint déjà 3,2 milliards, sur 4,1 prévus en trois ans.
L’action a réagi positivement, gagnant 3,8%. Pourtant, poursuit l’analyste, «le consensus est déjà largement calé sur les objectifs du management», ce qui, à son avis, limite «probablement le potentiel de revalorisation à ce stade». Le titre de Credit Suisse a fait partie des meilleures performances boursières du secteur ces derniers mois, gagnant 16% en un semestre.
Ce sont aussi les perspectives pour l’année 2018, qui ont encouragé les investisseurs. Tidjane Thiam, a affirmé «ne pas pouvoir être plus heureux» de la performance de courtage de la banque dans les six premières semaines de l’année – une progression de 10% des revenus du négoce et +15% en Asie Pacifique, se réjouissant aussi du retour de la volatilité, synonyme d’une plus grande activité des clients sur les marchés. Le groupe pense aussi pouvoir désormais profiter de la réforme fiscale et estime pouvoir être «fortement» bénéficiaire cette année.
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