La Forme de l’eau
Elisa (Sally Hawkins) récure les sols du Centre spatial. Le gouvernement vient y entreposer une créature fabuleuse. Enchaîné dans son bassin, brisé à coups de matraque électrique, ce triton humanoïde doit subir des expériences scientifiques cherchant à établir son potentiel d’arme vivante. L’URSS cherche à se l’approprier. La petite Sally, ombre muette que personne ne remarque, tend la main à cette figure squameuse de l’altérité. Elle perçoit l’humanité palpitant derrière les branchies. C’est le début d’une grande histoire d’amour. Du Labyrinthe de Pan à Hellboy, de L’Echine du Diable à Pacific Rim, Guillermo del Toro est l’ami des monstres. Avec La Forme de l’eau, Lion d’or à Venise, il reprend le thème de La Belle et la Bête, le plonge dans l’élément liquide et le situe au début des années 1960, au plus fort de la Guerre froide, pour plaider une nouvelle fois la cause des exclus, des sans-grade, de ceux qu’on rejette pour leur couleur de peau ou leur préférence sexuelle. Au fil d’une mise en scène virtuose entrelaçant les thématiques et émaillées de références cinématographiques, le cinéaste mexicain réussit à rendre plausible l’union de la femme et du batracien. La beauté de leur relation s’inscrit contre la violence des hommes et du matérialisme. Guillermo del Toro trouve que c’est son plus beau film. Il a sans doute raison.
FILM FANTASTIQUE DE GUILLERMO DEL TORO. SORTIE ME 21.