«No Billag», de la RTS au 2e écran
Alors que les invités débattaient, mercredi soir dans «Infrarouge», de l’initiative pour supprimer la redevance radio-télévision, les internautes ont commenté en direct leurs prestations sur les réseaux sociaux
Faut-il supprimer la redevance? Infrarouge posait la question mercredi soir sur RTS Un. Les internautes y ont répondu en direct, par écran interposé. Alors que la campagne bat son plein, c’est la première fois que la RTS empoigne frontalement le débat sur l’initiative dite «No Billag». Sur le plateau, les pourfendeurs d’un «système injuste et dépassé» affrontent les défenseurs d’un audiovisuel public indépendant et de qualité, garant d’une cohésion nationale. Et sur les réseaux, chacun choisit son camp.
«Quel paradoxe que les invités qui défendent l’initiative viennent dans une émission financée grâce à la redevance», pointe un internaute en préambule. L’exercice est, il est vrai, délicat, en particulier pour la SSR, accusée de «prosélytisme» ou de «publicité subliminale» par certains de ses détracteurs. Pour un usager, l’opération du jour est contre-productive. «Plus les politiciens et médias désirent influencer le citoyen, plus il a envie de voter exactement le contraire.»
Ce plan B, justement, est inexistant selon le président de l’Union suisse des arts et métiers, l’UDC Jean-François Rime. La faute au parlement, où le débat a été «immédiatement bloqué». Sur Facebook, un internaute souligne sa mauvaise foi. «M. Rime, le débat a eu lieu, semble-t-il. Donc mensonge. Arrêtez de continuellement contester des décisions quand elles ne vont pas dans votre sens. Vous bafouez la démocratie et ses institutions.»
Au fil de la discussion, les commentaires s’accumulent. Alors que la conseillère fédérale Doris Leuthard évoque le sort des 34 radios et télévisions régionales qui bénéficient de la manne financière, @jimsordet l’interroge sur Twitter: «Madame Leuthard, comment font alors les nombreuses radios et TV qui ne touchent pas la redevance? PlusRouge FM, Val TV, etc. C’est un peu fallacieux comme argument.»
Immédiatement, @ArianeBeldi rétorque: «Elles ne diffusent que quelques heures par jour, ou font tourner en boucle les quelques mêmes émissions, entrecoupées de monstrueuses plages de pub! Surtout, elles ne produisent aucune info, qu’elles reprennent dans les dépêches! C’est ça l’avenir?»
#dugrandnimportequoi
Sur Twitter, certains doutent lorsque Nicolas Jutzet, le responsable de «No Billag» pour la Suisse romande, avance que «plus de 60% de la population est prête à payer 200 francs pour acheter les médias qu’ils consomment». Il «défend le libre marché et en même temps, il prétend se battre pour les plus petits revenus… Alors que sans la redevance, ils n’auront plus d’info ou la paieront plus cher. Incohérence», estime @TristanNils.
Face à celui qui se revendique porte-parole de la jeune génération, @FlorianneLi ajoute: «En tant que jeune de 19 ans, je préfère payer une redevance afin d’avoir des médias, des radios et des émissions de qualité que de voir des pubs toutes les 5 minutes!»
Persuadé depuis 1992 que la Suisse peut se passer de la SSR, Pierre Veya, chef de la rubrique économique de Tamedia, en prend lui aussi pour son grade. «Monsieur #Veya a une drôle conception de la démocratie directe: si #NoBillag était acceptée, le parlement et le Conseil fédéral bidouilleraient une solution pragmatique #dugrandnimportequoi», estime @micgirod.
Brandi de part et d’autre par les initiants, le sacro-saint argument du «consommateur payeur» ne tient pas. Un internaute le prouve par l’absurde: «Si l’on arrête de financer les radios et les télévisions d’intérêt public sous prétexte que certains n’aiment pas les regarder ou les écouter, alors arrêtons carrément de financer l’école de nos enfants. Car eux non plus ne veulent pas y aller.»
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