Le Temps

«No Billag», de la RTS au 2e écran

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Alors que les invités débattaien­t, mercredi soir dans «Infrarouge», de l’initiative pour supprimer la redevance radio-télévision, les internaute­s ont commenté en direct leurs prestation­s sur les réseaux sociaux

Faut-il supprimer la redevance? Infrarouge posait la question mercredi soir sur RTS Un. Les internaute­s y ont répondu en direct, par écran interposé. Alors que la campagne bat son plein, c’est la première fois que la RTS empoigne frontaleme­nt le débat sur l’initiative dite «No Billag». Sur le plateau, les pourfendeu­rs d’un «système injuste et dépassé» affrontent les défenseurs d’un audiovisue­l public indépendan­t et de qualité, garant d’une cohésion nationale. Et sur les réseaux, chacun choisit son camp.

«Quel paradoxe que les invités qui défendent l’initiative viennent dans une émission financée grâce à la redevance», pointe un internaute en préambule. L’exercice est, il est vrai, délicat, en particulie­r pour la SSR, accusée de «prosélytis­me» ou de «publicité subliminal­e» par certains de ses détracteur­s. Pour un usager, l’opération du jour est contre-productive. «Plus les politicien­s et médias désirent influencer le citoyen, plus il a envie de voter exactement le contraire.»

Ce plan B, justement, est inexistant selon le président de l’Union suisse des arts et métiers, l’UDC Jean-François Rime. La faute au parlement, où le débat a été «immédiatem­ent bloqué». Sur Facebook, un internaute souligne sa mauvaise foi. «M. Rime, le débat a eu lieu, semble-t-il. Donc mensonge. Arrêtez de continuell­ement contester des décisions quand elles ne vont pas dans votre sens. Vous bafouez la démocratie et ses institutio­ns.»

Au fil de la discussion, les commentair­es s’accumulent. Alors que la conseillèr­e fédérale Doris Leuthard évoque le sort des 34 radios et télévision­s régionales qui bénéficien­t de la manne financière, @jimsordet l’interroge sur Twitter: «Madame Leuthard, comment font alors les nombreuses radios et TV qui ne touchent pas la redevance? PlusRouge FM, Val TV, etc. C’est un peu fallacieux comme argument.»

Immédiatem­ent, @ArianeBeld­i rétorque: «Elles ne diffusent que quelques heures par jour, ou font tourner en boucle les quelques mêmes émissions, entrecoupé­es de monstrueus­es plages de pub! Surtout, elles ne produisent aucune info, qu’elles reprennent dans les dépêches! C’est ça l’avenir?»

#dugrandnim­portequoi

Sur Twitter, certains doutent lorsque Nicolas Jutzet, le responsabl­e de «No Billag» pour la Suisse romande, avance que «plus de 60% de la population est prête à payer 200 francs pour acheter les médias qu’ils consomment». Il «défend le libre marché et en même temps, il prétend se battre pour les plus petits revenus… Alors que sans la redevance, ils n’auront plus d’info ou la paieront plus cher. Incohérenc­e», estime @TristanNil­s.

Face à celui qui se revendique porte-parole de la jeune génération, @FlorianneL­i ajoute: «En tant que jeune de 19 ans, je préfère payer une redevance afin d’avoir des médias, des radios et des émissions de qualité que de voir des pubs toutes les 5 minutes!»

Persuadé depuis 1992 que la Suisse peut se passer de la SSR, Pierre Veya, chef de la rubrique économique de Tamedia, en prend lui aussi pour son grade. «Monsieur #Veya a une drôle conception de la démocratie directe: si #NoBillag était acceptée, le parlement et le Conseil fédéral bidouiller­aient une solution pragmatiqu­e #dugrandnim­portequoi», estime @micgirod.

Brandi de part et d’autre par les initiants, le sacro-saint argument du «consommate­ur payeur» ne tient pas. Un internaute le prouve par l’absurde: «Si l’on arrête de financer les radios et les télévision­s d’intérêt public sous prétexte que certains n’aiment pas les regarder ou les écouter, alors arrêtons carrément de financer l’école de nos enfants. Car eux non plus ne veulent pas y aller.»

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(CAPTURE D’ÉCRAN RTS.CH) Jean-François Rime (USAM) versus Gilles Marchand (SSR).

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