La déprime du marché agricole leste Syngenta
Passée en mains chinoises l'an dernier, la multinationale bâloise a vu un recul de son chiffre d'affaires en 2017 de 1%. Les prix des semences ont baissé tout comme la demande des produits chimiques
Pour Syngenta, 2017 a été une année de transition. Passée en mains chinoises en avril dernier, la multinationale bâloise de l’agrochimie a maintenu sa marge avant taxes à 21% de son chiffre d’affaires de 12,6 milliards de dollars, en baisse de 1% par rapport à l’année précédente. Les ventes d’herbicides, d’insecticides et de fongicides ont fortement diminué (–4%) par rapport à 2016, à 9,2 milliards. C’est sans doute le résultat de la marche graduelle vers une agriculture durable et sans produits chimiques dans le monde. En revanche, les ventes des semences ont augmenté de 5%. La hausse est particulièrement notable pour les graines de maïs et de soja (+8%) à 1,5 milliard sur un total de 2,8 milliards,
Prix des grains peu élevés
«La situation économique agricole reste difficile dans le monde en raison du bas niveau des prix des grains», a déclaré Erik Fyrwald, directeur de l’entreprise, dans un communiqué de presse publié jeudi matin. «Pour 2018, nous tablons sur une croissance des ventes grâce aux efforts visant tant à apporter de l’innovation qu’à améliorer la productivité.» En effet, l’agriculture traverse une crise due à la pression continue sur les revenus des exploitations. Un phénomène qui touche tant les pays développés que les émergents.
Outre l’année historique en raison de la finalisation de l’acquisition de Syngenta par ChemChina pour 42 milliards de francs, 2017 a aussi été marquée par l’acquisition du courtier en grains néerlandais Nidera Seeds. Le contrat a été conclu en novembre dernier avec le propriétaire, le conglomérat chinois Cofco International, basé à Genève. Il est actuellement en attente du feu vert des autorités de la concurrence. Cette acquisition permettra à Syngenta de gagner des parts de marché, plus particulièrement en Amérique du Sud. Quelques mois plus tôt, Cofco s’était emparé lui-même des activités de Noble, négociant en produits agricoles.
Changement à la direction
Au niveau du management, l’entreprise a vu le départ de Michel Demaré, qui avait assumé les fonctions de vice-président et d’administrateur principal indépendant. Au moment du rachat par ChemChina, il avait cédé le poste de président à Ren Jianxin. Arrivé chez Syngenta en avril 2013, c’est lui qui a assuré le passage de témoin à ChemChina. Il a été remplacé par Jürg Witmer, membre de l’organe de surveillance du groupe depuis 2006.
Alors qu’on craignait le démantèlement des activités en Suisse, ChemChina a aussi démontré son attachement au pays, avec l’inauguration en septembre d’un nouveau bâtiment dédié à la recherche pour Syngenta à Vouvry, en Valais.
Autre fait marquant: le géant bâlois de l’agrochimie s’est retiré de la bourse suisse dès le 5 janvier.
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