Vieillir à l’ère numérique
L'utilisation des nouvelles technologies peut s'avérer un véritable défi pour les personnes âgées, même les plus motivées. Une vision défaillante peut par exemple compliquer la lecture sur écran, et des troubles auditifs ou d'élocution rendre inefficaces les appareils activés par la voix. Et puis il y a aussi la question de la mémoire chancelante qui oublie les mots de passe. Sans compter les maladies neurodégénératives, qui provoquent des tremblements et constituent un obstacle au simple fait de vouloir composer un numéro de téléphone sur son portable.
A mesure que les entreprises remplacent les êtres humains dans leurs centres d'appel par des chatbots, face à ces logiciels conversationnels qui répondent à leurs questions, les aînés se trouvent déconcertés. Alors, tous ceux qui ont choisi de ne pas prendre le train en marche – en ne s'initiant ni aux ordinateurs ni aux tablettes – ont aujourd'hui de la peine à effectuer des démarches même très simples en apparence, comme annuler un abonnement ou réserver un billet d'avion sans intervention humaine.
Mais ces difficultés ne proviennent pas seulement de défaillances motrices ou cognitives. Pour certains, il s'agit aussi d'une question de volonté. Le monde numérique impose de s'adapter sans cesse: ce qui a été acquis hier est remis en question demain. Jeune ou vieux, qui n'a jamais été contrarié par la mise à jour d'un programme bien assimilé dont le mode d'utilisation a été révisé dans une nouvelle version, obligeant ainsi l'utilisateur à revoir ses connaissances?
Le vieillissement démographique s'accélère dans tous les pays développés, et la Suisse ne fait pas exception. Le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus passera à 2,7 millions en 2045, un accroissement de près de 80% en l'espace de trente ans, selon l'Office fédéral de la statistique. En conséquence, pour Kai Stinchcombe, conseiller financier pour seniors, fondateur et CEO de True Link, «c'est aux sociétés technologiques de faire mieux en intégrant en amont les fonctionnalités qui permettront de faciliter l'accès numérique à une population vieillissante», écrit-il dans Politico. Car aux yeux de tous ceux qui ont vécu avec Internet – pour s'informer, communiquer, partager, se divertir et s'organiser – l'idée de devoir s'en passer un jour est simplement impensable.
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