La success-story d’une start-up lausannoise
La société lausannoise, qui fête ses 50 ans cette année, a vu son chiffre d’affaires augmenter de 19% en 2017. Premier prestataire informatique suisse indépendant, Elca compte un cinquième de ses employés au Vietnam
Premier prestataire informatique suisse indépendant, Elca fête ses 50 ans. Pourtant, cette société vaudoise qui compte près de 1000 employés reste largement méconnue
Elca? Les festivaliers de Paléo connaissent sans doute, vaguement, le logo de l’entreprise lausannoise figurant sur le site d’achat des billets. Sinon, l’entreprise informatique demeure largement méconnue du grand public.
Et pourtant, Elca n’a rien d’un prestataire technologique banal. La société, qui fête cette année ses 50 ans, va passer dans les prochains mois le cap des 1000 employés. Et ses services, des logiciels de police à l’achat de billets pour des matches de football, sont omniprésents.
Si Elca est méconnue, c’est de sa faute. L’entreprise, en mains privées, communique peu. Mais les choses changent. Cédric Moret, à la tête du groupe depuis 2015, nous a reçu au siège d’Elca, sous la gare de Lausanne. Ancien de McKinsey, l’homme est l’actionnaire principal d’Elca. Avec deux associés, dont l’un est aussi arrivé en 2015, il détient la majorité du capital de la société.
Avant, Elca, c’était Daniel Gorostidi, qui dirigeait la société depuis 1993. «Monsieur Gorostidi a fait passer le nombre d’employés de 100 à 600 et il tenait absolument à ce qu’Elca reste en mains suisses, raconte Cédric Moret. Un grand nombre de groupes européens et même indiens auraient souhaité racheter la société. Mais aujourd’hui, Elca compte principalement des investisseurs suisses.»
Croissance bridée
Et la société grandit. En 2017, son chiffre d’affaires a crû organiquement de 19,3% à 141,8 millions de francs. La société ne communique pas son bénéfice, «mais nous sommes profitables», assure le directeur. Le groupe a vu ses revenus croître de plus de 10% en moyenne par an depuis 2012. «Le marché des services IT croît de 3% par an, nous faisons nettement mieux cette année avec nos 19%. Nous pourrions faire plus, mais les grands talents sont difficiles à trouver et la qualité de leur intégration est essentielle», affirme Cédric Moret.
Elca, qui compte aujourd’hui 921 employés, recrute sans cesse. «Nous embauchons davantage de diplômés de l’EPFL que les GAFA [grandes firmes technologiques Google-Apple-Facebook-Amazon]. Nous allons dépasser les 1000 employés cette année en embauchant des spécialistes en blockchain et en intelligence artificielle, par exemple», poursuit le directeur.
Elca compte 300 employés sur ses sites lausannois, 200 à Zurich, 100 à Berne et Genève et le solde en Europe et au Vietnam. «Il n’est pas question de délocaliser des emplois. Mais ces développeurs basés en Asie nous sont extrêmement précieux, ils permettent de créer des places de travail en Suisse», affirme le directeur.
De la police à la prévoyance
«Le point fort d’Elca, c’est d’assembler nombre de technologies pour résoudre les problèmes les plus complexes de nos clients et de s’assurer que tout fonctionne en temps, en coût et en qualité, ajoute Cédric Moret. Nous avons des spécialistes dans de nombreux domaines, métiers et technologies.»
Elca a ainsi créé un système, pour une police cantonale, destiné à cartographier les délits, leur fréquence et à planifier les interventions des forces publiques. Pour les acteurs de la prévoyance, l’entreprise offre un service qui permettra aux assurés d’être informés sur leurs trois piliers selon les événements qui surviennent dans leur vie (mariage, divorce, acquisition d’un logement, etc.), tout en réduisant les coûts administratifs. Et pour une ONG, la société a développé un système de gestion des données pour faciliter le regroupement de familles éclatées lors d’un conflit armé.
La société réalise aujourd’hui 8% de son chiffre d’affaires hors de Suisse, avant tout via sa filiale SecuTix, spécialisée dans les billets. «Nous avons sécurisé la commercialisation des billets de l’Euro de football en 2016 et travaillons avec de nombreux clubs, comme Everton en Angleterre, pour leur permettre de vendre directement leurs billets, sans passer par des intermédiaires. Cela permet de tracer les billets, et de créer un lien direct entre le club et le supporter», explique le directeur d’Elca. La société teste aussi des solutions de blockchain pour augmenter le niveau de sécurité et de traçabilité des billets, et ainsi réduire le marché noir, entre autres avantages.
Cédric Moret, directeur d’Elca: «Nous avons encore beaucoup à faire en Suisse. La proximité avec nos clients est capitale.» «Nous embauchons davantage de diplômés de l’EPFL que les GAFA» CÉDRIC MORET, DIRECTEUR D’ELCA
Barrage de la Grande Dixence
Hormis la billetterie, Elca se concentre sur son marché national. «Nous avons encore beaucoup à faire en Suisse, affirme Cédric Moret. La proximité avec nos clients est capitale et cela nous donne de solides atouts face à des groupes étrangers concurrents actifs sur le marché helvétique.»
A l’étroit dans son siège, Elca pourrait moderniser ses infrastructures. La société veut rester proche de l’EPFL, qui s’appelait encore EPUL en 1968, lorsqu’une équipe d’ingénieurs créait la société Electro-Calcul. Appelée ensuite Elca, cette société avait eu comme première tâche la création d’un système de contrôle des installations du barrage de la Grande Dixence, en Valais. C’était alors la première installation en Suisse avec commande des processus assistée par ordinateur.
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