Syrie, le calvaire sans fin de la Ghouta
Les forces de Bachar el-Assad continuent de pilonner massivement l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, où sont assiégées plus de 400 000 personnes dans des conditions humanitaires dramatiques. Depuis dimanche, on dénombre près de 200 morts, dont plus de 50 enfants.
Le régime syrien se prépare à une offensive terrestre contre l’enclave rebelle près de Damas
Au moins cent morts, tous civils, en une seule journée. Les bombardements du régime syrien sur l’enclave rebelle de la Ghouta, dans la banlieue orientale de Damas, ont été, lundi 19 février, d’une férocité extrême. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, il s’agit de la journée la plus meurtrière dans cette région, depuis début 2015. Ces frappes participent d’une campagne aérienne, lancée le 5 février, qui a fait plusieurs centaines de morts déjà parmi les habitants de la Ghouta, dont le nombre est estimé à environ 400000.
Les raids de l’aviation syrienne visent à préparer le terrain pour une opération de reconquête de ce territoire, ultime poche contrôlée par les groupes armés anti-Assad, près de Damas. Des forces pro-régime se massent depuis des jours autour de ce secteur, notamment les «forces du Tigre», du commandant Souhaïl Al-Hassan, une unité d’élite impliquée dans la reprise de nombreux fiefs rebelles. Le pouvoir syrien affirme vouloir mettre un terme aux tirs de roquettes, lancés par les insurgés sur la capitale, qui ont tué une vingtaine de personnes depuis le 5 février.
Les vidéos tournées sur place par des militants de l’opposition montrent des secouristes exténués, qui courent d’un site de bombardement à un autre, dans un paysage lunaire fait de cratères, de gravats, de nuages de poussière et d’immeubles déchiquetés. Des photos qui circulent sur les réseaux sociaux montrent aussi des enfants décharnés, la peau sur les os, résultat du siège auquel la Ghouta est soumise depuis des années. Un étranglement qui s’est encore resserré ces derniers mois avec la saisie, par les loyalistes, d’une partie des tunnels qui permettaient d’assurer le ravitaillement de la population.
«Guerre d’extermination»
La Coalition nationale syrienne basée en Turquie, principale formation de l’opposition en exil, a dénoncé dans un communiqué une «guerre d’extermination» et le «silence international «face aux» crimes» des autorités de Damas. Les bombardements de civils «doivent cesser maintenant», a déclaré le coordinateur de l’ONU pour l’aide humanitaire en Syrie, Panos Moumtzis. «La situation humanitaire est totalement hors de contrôle. Il est impératif de mettre fin immédiatement à cette souffrance humaine insensée.»
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