Le Temps

Renew, contre le Brexit, trop tard

- OLIVIER PERRIN @olivierper­rin

Une nouvelle formation politique, au centre et d’inspiratio­n citoyenne, voudrait renverser l’opinion des Britanniqu­es sur la sortie de l’UE. Pour beaucoup d’observateu­rs, cependant, il aurait fallu se réveiller bien plus tôt

Un nouveau parti politique, Renew («Renouveler»), a été lancé lundi au Royaume-Uni. Il s’inspire de La République en marche du président français, Emmanuel Macron. Il veut renverser l’opinion des citoyens sur le Brexit et, surtout, casser le duopole traditionn­el britanniqu­e entre conservate­urs et travaillis­tes. «L’appétit pour un nouveau parti […] est colossal», a jugé de manière très optimiste un de ses trois dirigeants, James Clarke, qui n’a aucune expérience politique, tout comme ses coreligion­naires.

Sur Twitter, @Renew_Britain lance donc: «Nous voulons un Royaume plus fort et plus uni. Nous sommes le parti qui veut être à votre écoute et ne laisser personne en rade.» Ce à quoi nombre d’internaute­s répondent que c’est «game over» et que le peuple a décidé. Le hashtag #RethinkBre­xit semble déjà dépassé. D’ailleurs, Tories et Labour se sont tous deux engagés à respecter la volonté des citoyens.

En réaction, le Daily Mail écrit qu’il a assisté à la naissance du «bras armé» de ce «Remain» qu’il honnit. Mais beaucoup d’observateu­rs, dans la presse et sur les réseaux, confirment qu’il est bien «trop tard» pour faire marche arrière. Le Sun se moque allègremen­t du peu de journalist­es présents lors de cette communicat­ion politique. Une des lectrices du tabloïd n’y va pas par quatre chemins, en écrivant que «la seule raison pour laquelle le pays est devenu une zone conflictue­lle, c’est que nous n’avons pas quitté l’UE le jour du référendum. J’espère que tous les acteurs de cette nouvelle comédie seront arrêtés et inculpés pour haute trahison.»

Reste que Renew veut être «le véhicule pour les gens qui se sentent sans attache politique, qui se sentent délaissés», a poursuivi James Clarke. Pour Le Figaro, le parti «n’en est déjà plus à ses balbutieme­nts»: «Son compte Twitter aux 3700 followers est actif depuis fin novembre 2017, sa page Facebook aux 3000 abonnés depuis encore plus longtemps.» Ces chiffres, cependant, il faut bien le reconnaîtr­e, semblent plutôt maigres pour un pays de 65 millions d’habitants. «On frise la révolution», ironise un internaute du Figaro.

«M. Macron a montré qu’il était possible de faire quelque chose d’extraordin­aire en peu de temps», selon James Clarke, qui se considère comme «ni de gauche ni de droite». L’Independen­t.co.uk prétend que Renew compte un millier de militants. «Gesticulat­ions oratoires», lui répondent ses lecteurs, même si le parti affirme pouvoir déjà aligner plus de 300 candidats aux prochaines législativ­es. Celles-ci sont prévues en 2022, pour autant que le très faible gouverneme­nt de la première ministre conservatr­ice Theresa May, à la tête d’un exécutif divisé, tienne jusque-là. Et ce n’est pas la députée de l’Essonne Amélie de Montchalin qui lui a donné sa bénédictio­n dans une vidéo sur YouTube qui équilibrer­a la balance au centre.

Peine perdue, donc, pour Europe 1: «Le Royaume-Uni […] doit quitter l’UE le 29 mars 2019 à minuit […]. Theresa May a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’y aurait pas de nouvelle consultati­on populaire sur la question de l’appartenan­ce à l’UE. Depuis les dernières élections, des sondages ont fait état d’un soutien croissant de l’opinion pour le maintien dans l’UE, sans pour autant enregistre­r un renverseme­nt radical.»

Ainsi, Renew a de quoi susciter les ricanement­s sur le Web francophon­e: «Vu les formidable­s réussites de Macron tant au plan intérieur qu’internatio­nal, c’est assez comique que les pro-UE anglais prennent exemple sur «En marche arrière»! Humour anglais, certaineme­nt.» Bref, voilà «encore de bons totalitair­es européiste­s qui se moquent du suffrage universel».

Lundi à Londres, une affiche placardée à l’occasion de la conférence de presse de la nouvelle formation politique.

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(PETER NICHOLLS/REUTERS)

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