Mercosur: des concessions seront demandées aux paysans
Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann veut accélérer la conclusion d’un accord de libre-échange entre la Suisse et les pays sud-américains du Mercosur. Pour y parvenir, les agriculteurs devront faire des concessions, notamment sur la protection douanière
Le chef du Département fédéral de l’économie a convié mardi à Berne les représentants d’une trentaine d’organisations économiques et agricoles pour discuter du volet agricole de l’accord de libre-échange avec le Mercosur. Toutes ont répondu à l’invitation, sauf l’Union suisse des paysans (USP), qui l’a déclinée.
«Je regrette cette absence. On doit pouvoir dialoguer et trouver des solutions ensemble», a déclaré Johann Schneider-Ammann devant la presse à l’issue de la rencontre. Un accord de libre-échange sans l’agriculture n’est pas envisageable, a-t-il ajouté.
260 millions de consommateurs
La signature d’un accord commercial avec le Mercosur, qui regroupe l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, doit permettre aux entreprises exportatrices helvétiques d’accéder à ce marché qui représente 260 millions de consommateurs. Or, l’agriculture devra consentir à certains changements.
Le Conseil fédéral a pris en compte ces évolutions dans sa «Vue d’ensemble pour le développement de la politique agricole» publiée en novembre. La réforme prévue dès 2022 préconise une ouverture des frontières aux produits agricoles. Elle propose notamment une intensification des accords de libre-échange et une réduction de la protection douanière en vigueur en Suisse.
L’USP s’oppose à cette stratégie. «Ce document ne contient pas de plan pour atténuer et financer les pertes massives que subiront les familles paysannes», a-t-elle martelé dans un communiqué. Elle estime en outre inacceptable de lier la discussion sur le traité avec le Mercosur à ce programme. Il s’agit de deux sujets différents, explique l’organisation dans un communiqué.
«Le protectionnisme n’est pas une option»
Les représentants des 27 organisations qui ont participé à la réunion, dont Bio Suisse ou les associations des producteurs de lait, de viande ou de céréales, sont d’accord pour dire que le protectionnisme n’est pas une option, selon Johann Schneider-Ammann. Les effets d’un accord sur l’agriculture seront limités. Les pertes devraient se chiffrer à moins de 5%, a-t-il dit sans vouloir en préciser le montant.
Actuellement, malgré la taille de ces marchés, la Suisse n’exporte que pour 4 milliards de francs de marchandises et de services dans le Mercosur. Le traité ne concernerait pas que l’agriculture, mais aussi les entreprises exportatrices qui font face actuellement à des droits de douane importants dans ces pays.