Le Temps

Le Grand Théâtre sauve sa future saison, mais perdra 2 millions

- ALEXANDRE DEMIDOFF @alexandred­mdff

Le retard dans les travaux de la grande maison entraînera un manque à gagner de 2,248 millions pour la saison 2018-2019. Présidente de sa fondation, l’avocate Lorella Bertani estime que la facture aurait pu être plus salée

Pour les uns, c’est une fausse note alarmante. Pour les autres, un dérapage contrôlabl­e. La saison 2018-2019 du Grand Théâtre – oui, la prochaine, pas celle en cours – risque de se solder par un manque à gagner de 2 248000 francs. Et tout cela à cause d’une infiltrati­on d’eau à la hauteur de la nappe phréatique, annoncée le 13 octobre dernier. La conséquenc­e? Prévue pour septembre, la réouvertur­e de la maison de la place de Neuve était reportée au mois de janvier 2019. La fondation de l’institutio­n et sa présidente Lorella Bertani ont évalué le coût de ce caprice du destin: un peu plus de 2 millions, certes, mais la saison est sauvée.

«C’est une mauvaise nouvelle, explique l’avocate Lorella Bertani, mais ces 2 248000 francs représente­nt moins que ce qu’on pouvait craindre au départ. La saison 2018-2019 aura bien lieu, à l’Opéra des Nations d’abord, au Grand Théâtre ensuite, grâce au travail du directeur Tobias Richter, à ses équipes et à celui de l’OSR. Le tour de force doit être salué: une saison s’anticipe trois ans à l’avance; l’OSR, qui fête ses 100 ans, et le Grand Théâtre avaient planifié leurs programmes; ils ont remanié leur saison en quatre mois à peine, ce qui est exceptionn­el.»

Le «Ring» sauvé des eaux

Le terrain était pourtant marécageux. Le Ring de Wagner devait prêter ses orages titanesque­s à la réouvertur­e de la maison, place de Neuve. Les contrats étaient signés, les jours de répétition calés. Mais impossible d’envisager cette production à l’Opéra des Nations, dont la scène ne présente pas les équipement­s nécessaire­s. «Tobias Richter n’avait pas la possibilit­é de reporter des production­s sur la saison 2019-2020 qui sera celle de son successeur, Aviel Cahn. Dans ce contexte compliqué, il est parvenu à déplacer au printemps le Ring, reprise d’une production très appréciée du public.» Mais comment combler ce manque à gagner – 1 178000 dus à la modificati­on des contrats et aux annulation­s, 1 070 924 résultant de la billetteri­e? «Il s’agissait d’abord de chiffrer cette perte, rassure Lorella Bertani. A présent, nous allons réfléchir à des solutions, avec le soutien de la Ville qui est propriétai­re du bâtiment.»

A Anvers, Aviel Cahn, qui succédera à Tobias Richter à l’automne 2019, s’est sans doute demandé, à peine informé de cette tuile, dans quelle galère il s’était embarqué. Cette perte estelle de nature à grever la première saison du directeur actuel de l’Opéra des Flandres? «Non, assure Lorella Bertani. Ce qui risque de la fragiliser en revanche, ce sont les 3 millions promis par le canton, que le Grand Conseil refuse toujours de voter.» Ça, ce n’est pas une farce du destin. C’est un geste politique de nature à couper les ailes du futur pilote de la maison.

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