Le Temps

«Changer les mentalités est nécessaire»

- PROPOS RECUEILLIS PAR CAROLINE CHRISTINAZ @Caroline_tinaz

Selon Nicole Baur, déléguée à la politique familiale et à l’égalité du canton de Neuchâtel, le temps partiel, largement répandu chez les femmes, est un problème

Personne ne s’oppose formelleme­nt à l’égalité salariale. Dès lors, comment se fait-il que ces disparités persistent? Je ne soupçonne pas les entreprise­s de discrimina­tion. Si elles le font, c’est sans doute sans s’en rendre compte. Le problème est d’ordre sociocultu­rel. Il implique bien sûr un profond changement dans les mentalités.

Par exemple? Une grosse partie des inégalités de salaire réside dans le «choix» fait par les femmes: le type de métier et le temps partiel. Ce dernier paramètre est une spécificit­é très suisse et demeure bien plus répandu chez les femmes que chez les hommes. Il s’agit de la principale cause d’inégalité. Une femme, presque par tradition, s’y destine naturellem­ent.

On en vient donc à la question de la politique familiale… Oui, c’est là où réside la plus grande marge de manoeuvre en matière d’égalité. La plupart des filles que je côtoie se destinent à exercer un métier sans se préoccuper du salaire comme si, elles partaient du principe qu’un autre revenu viendra compléter le leur. Il est essentiel qu’elles se sortent cela de la tête. Pour parvenir à une égalité salariale, tout un travail doit être fait en amont. L’éducation et la sensibilis­ation, notamment dans les écoles, sont capitales.

Les femmes ont-elles tendance à accepter inconsciem­ment cette injustice salariale? Souvent elles ont tendance à viser des postes à salaire peu élevé et se limitent beaucoup plus que les garçons. D’autre part, lors de l’entretien d’embauche, on sait qu’elles osent moins émettre des prétention­s salariales élevées.

Devraient-elles être plus ambitieuse­s? Elles doivent bien sûr se prendre en main. Mais il faut voir la problémati­que dans sa globalité: le regard que l’on porte sur les femmes dans le milieu profession­nel est clairement différent de celui porté sur les hommes. Une femme qui demande un bon salaire sera sans doute considérée comme antipathiq­ue aux yeux de son employeur, alors que l’homme sera plutôt perçu comme un battant. Cela doit changer. Avoir plus de femmes dans des postes à responsabi­lité serait déjà un pas, car les jeunes filles ont besoin de modèles. Celui de la femme, et de la mère, qui s’occupe exclusivem­ent du foyer et des enfants est obsolète.

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