«Changer les mentalités est nécessaire»
Selon Nicole Baur, déléguée à la politique familiale et à l’égalité du canton de Neuchâtel, le temps partiel, largement répandu chez les femmes, est un problème
Personne ne s’oppose formellement à l’égalité salariale. Dès lors, comment se fait-il que ces disparités persistent? Je ne soupçonne pas les entreprises de discrimination. Si elles le font, c’est sans doute sans s’en rendre compte. Le problème est d’ordre socioculturel. Il implique bien sûr un profond changement dans les mentalités.
Par exemple? Une grosse partie des inégalités de salaire réside dans le «choix» fait par les femmes: le type de métier et le temps partiel. Ce dernier paramètre est une spécificité très suisse et demeure bien plus répandu chez les femmes que chez les hommes. Il s’agit de la principale cause d’inégalité. Une femme, presque par tradition, s’y destine naturellement.
On en vient donc à la question de la politique familiale… Oui, c’est là où réside la plus grande marge de manoeuvre en matière d’égalité. La plupart des filles que je côtoie se destinent à exercer un métier sans se préoccuper du salaire comme si, elles partaient du principe qu’un autre revenu viendra compléter le leur. Il est essentiel qu’elles se sortent cela de la tête. Pour parvenir à une égalité salariale, tout un travail doit être fait en amont. L’éducation et la sensibilisation, notamment dans les écoles, sont capitales.
Les femmes ont-elles tendance à accepter inconsciemment cette injustice salariale? Souvent elles ont tendance à viser des postes à salaire peu élevé et se limitent beaucoup plus que les garçons. D’autre part, lors de l’entretien d’embauche, on sait qu’elles osent moins émettre des prétentions salariales élevées.
Devraient-elles être plus ambitieuses? Elles doivent bien sûr se prendre en main. Mais il faut voir la problématique dans sa globalité: le regard que l’on porte sur les femmes dans le milieu professionnel est clairement différent de celui porté sur les hommes. Une femme qui demande un bon salaire sera sans doute considérée comme antipathique aux yeux de son employeur, alors que l’homme sera plutôt perçu comme un battant. Cela doit changer. Avoir plus de femmes dans des postes à responsabilité serait déjà un pas, car les jeunes filles ont besoin de modèles. Celui de la femme, et de la mère, qui s’occupe exclusivement du foyer et des enfants est obsolète.
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