A la poursuite d’Anna Gabriel
Une importante délégation de journalistes espagnols fait le pied de grue dans l’espoir de rencontrer l’indépendantiste catalane. Or cette dernière n’a pas l’intention de leur parler. La Cité de Calvin est entrée dans le cyclone médiatique ibérique
Ils sont venus de toute l’Espagne. Les représentants de journaux, agences, radios et télévisions espagnols faisaient mardi le pied de grue dans le quartier de Plainpalais. Suite aux révélations du Temps, une forte délégation de journalistes a embarqué pour Genève dans l’espoir d’y rencontrer l’indépendantiste catalane Anna Gabriel, réfugiée dans la Cité de Calvin. Or ni l’ancienne députée de la CUP (extrême gauche indépendantiste) ni son avocat n’ont prévu de leur parler.
Depuis, les plus folles rumeurs ont émergé, sur les raisons qui l’ont poussée à changer de look ou sur son lieu de résidence actuel. Certains tabloïds voyaient même Anna Gabriel se réfugier à Lausanne, hébergée par son avocat au vu du coût de la vie en Suisse. Un pays où «on te fait débourser 5 francs suisses pour un café ou une bouteille d’eau», exemplifie le journaliste qui s’est lancé dans une estimation des frais mensuels de l’activiste. Pourtant, au même moment à quelques centaines de mètres, Anna Gabriel faisait des photos pour Keystone devant le mur des Réformateurs.
Qu’importe, ce sont ces mêmes journaux qui, dans de longs articles, annonçaient qu’Anna Gabriel participait à la campagne de Maduro depuis le Venezuela.
Analyse sociologique
Parmi les représentants de la presse plus sérieux, cette journaliste parlementaire catalane qui a embarqué dans le premier avion pour Genève, sans maîtriser le français, avec aucune autre instruction qu’un «Suerte!» (bonne chance) de son rédacteur en chef.
Alors que la télévision publique catalane faisait mercredi encore un direct devant le café Remor, certains n’ont pas hésité à camper devant le bureau de l’avocat d’Anna Gabriel. D’autres ont contacté le syndicat Impressum pour essayer de parler à l’un des journalistes du Temps, allant jusqu’à appeler chez ses parents.
Citant volontiers des Espagnols croisés dans la rue, certains médias ibériques se sont lancés dans une analyse sociologique des Helvètes qu’on dit «tranquilles» et sans «envie de se créer des problèmes». Se livrant volontiers à la caricature, les tabloïds dépeignent une Suisse «capitaliste» dans laquelle Anna Gabriel a été obligée de se couper les cheveux pour s’intégrer.
Sur Twitter, unionistes et indépendantistes se sont invectivés pendant toute la semaine à propos de l’activiste, de la cause indépendantiste catalane et de la Suisse. De guerre lasse, les derniers journalistes devraient, eux, quitter Genève vendredi.
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