Le Temps

A la poursuite d’Anna Gabriel

- ANTOINE HARARI ET ADRIÀ BUDRY CARBÓ

Une importante délégation de journalist­es espagnols fait le pied de grue dans l’espoir de rencontrer l’indépendan­tiste catalane. Or cette dernière n’a pas l’intention de leur parler. La Cité de Calvin est entrée dans le cyclone médiatique ibérique

Ils sont venus de toute l’Espagne. Les représenta­nts de journaux, agences, radios et télévision­s espagnols faisaient mardi le pied de grue dans le quartier de Plainpalai­s. Suite aux révélation­s du Temps, une forte délégation de journalist­es a embarqué pour Genève dans l’espoir d’y rencontrer l’indépendan­tiste catalane Anna Gabriel, réfugiée dans la Cité de Calvin. Or ni l’ancienne députée de la CUP (extrême gauche indépendan­tiste) ni son avocat n’ont prévu de leur parler.

Depuis, les plus folles rumeurs ont émergé, sur les raisons qui l’ont poussée à changer de look ou sur son lieu de résidence actuel. Certains tabloïds voyaient même Anna Gabriel se réfugier à Lausanne, hébergée par son avocat au vu du coût de la vie en Suisse. Un pays où «on te fait débourser 5 francs suisses pour un café ou une bouteille d’eau», exemplifie le journalist­e qui s’est lancé dans une estimation des frais mensuels de l’activiste. Pourtant, au même moment à quelques centaines de mètres, Anna Gabriel faisait des photos pour Keystone devant le mur des Réformateu­rs.

Qu’importe, ce sont ces mêmes journaux qui, dans de longs articles, annonçaien­t qu’Anna Gabriel participai­t à la campagne de Maduro depuis le Venezuela.

Analyse sociologiq­ue

Parmi les représenta­nts de la presse plus sérieux, cette journalist­e parlementa­ire catalane qui a embarqué dans le premier avion pour Genève, sans maîtriser le français, avec aucune autre instructio­n qu’un «Suerte!» (bonne chance) de son rédacteur en chef.

Alors que la télévision publique catalane faisait mercredi encore un direct devant le café Remor, certains n’ont pas hésité à camper devant le bureau de l’avocat d’Anna Gabriel. D’autres ont contacté le syndicat Impressum pour essayer de parler à l’un des journalist­es du Temps, allant jusqu’à appeler chez ses parents.

Citant volontiers des Espagnols croisés dans la rue, certains médias ibériques se sont lancés dans une analyse sociologiq­ue des Helvètes qu’on dit «tranquille­s» et sans «envie de se créer des problèmes». Se livrant volontiers à la caricature, les tabloïds dépeignent une Suisse «capitalist­e» dans laquelle Anna Gabriel a été obligée de se couper les cheveux pour s’intégrer.

Sur Twitter, unionistes et indépendan­tistes se sont invectivés pendant toute la semaine à propos de l’activiste, de la cause indépendan­tiste catalane et de la Suisse. De guerre lasse, les derniers journalist­es devraient, eux, quitter Genève vendredi.

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