L’electro-nonchalance de Milky Chance
Le duo allemand vient présenter son deuxième album ce samedi à Thônex
La musique façon Milky Chance s’apparente à une caresse ondoyante. A un instant de grâce sur une terrasse, savouré tranquillement devant le crépuscule de juin, une bière artisanale à la main. C’est justement cette nonchalance entraînante qui avait séduit les ondes européennes fin 2013, projetant «Stolen Dance», le premier tube du duo allemand, en tête des charts. Une rythmique syncopée, à la fois stone et enivrée, sur laquelle des milliers de festivaliers en crop-tops dodelinent alors leurs couronnes de fleurs.
Les hits s’enchaîneront, «Down by the River», «Sweet Sun» ou encore «Flashed Junk Mind», suivant toujours la même formule: des beats électro et des motifs de guitare répétitifs qui soutiennent des mélodies épurées, lâchées par la voix légèrement éraillée du chanteur Clemens Rehbein. Des réminiscences de house, un peu d’indie et de reggae: le résultat est un doux mélange des genres que les critiques musicaux s’amusent à nommer: alt-folk, folktronique, ou encore electro-organique… «J’aime bien l’expression «mélancolie dansante», nous lance quant à lui Clemens Rehbein.
Entre Harper et Karlbrenner
Originaire de Cassel, c’est au lycée qu’il rencontre Philipp Dausch, DJ en herbe qui joue du jazz dans le même quatuor que lui. A la fin de l’année scolaire, les deux acolytes se mettent à composer dans la maison familiale de Philipp, conseillés par la mère de ce dernier qui passe tendre l’oreille. «C’était plutôt intuitif, explique Clemens. On était curieux, on écoutait un peu de tout et le soir, on sortait danser en boîte. Ces différents univers nous ont influencés musicalement.»
De ces expérimentations naissent les prémices du style Milky Chance, sorte d’accident délicieux mêlant son digital et acoustique rassemblés sur un premier album, Sadnecessary. La vingtaine à peine, les deux amis, aux looks «tout juste sortis du lit» (cheveux ébouriffés et moustaches rétro), font fureur auprès des jeunes adultes, contentant à la fois les fans de Ben Harper et de Paul Kalkbrenner. Alors qu’ils projetaient de partir voyager à la fin de leurs études, Clemens et Philipp entament une tournée longue de près de quatre ans, qui les emmène jusque sur les scènes des géants estivaux Coachella et Glastonbury.
Crissements de gravier
En 2017, forts de cette expérience, Milky Chance revenait avec un deuxième opus. Sans perdre de vue la patte folk-electro de son prédécesseur, Blossom se veut un peu plus «nature». Et tape à nouveau dans le mille. «Pour notre premier album, nous n’avions qu’une basse, un micro et un ordinateur: il a fallu utiliser beaucoup de fichiers MIDI, détaille Clemens. Cette fois, nous voulions quelque chose de plus analogique, basé sur de vrais sons d’instruments.» Le duo va jusqu’à enregistrer ses propres beats, du «psschht» d’une canette de soda au crissement de pas sur le gravier, enregistré dans le parc jouxtant l’appartement de Philipp et audible dans l’intro de «Ego».
Plutôt que dans un grand studio, le duo a préféré retourner au calme de Cassel pour composer
Car plutôt qu’un grand studio à Londres ou à Berlin, le duo a préféré retourner au calme de Cassel, ville verte et universitaire de la Hesse, pour se remettre à composer. «C’est là qu’on a grandi et où on se sent à l’aise. Ça aide à recharger ses batteries et à faire parler sa créativité», note Clemens, qui prend le succès, tout comme ses notes, avec une charmante désinvolture.
Mais sur scène, le flegme se rebelle. Milky Chance, renforcé par plusieurs musiciens, promet d’empoigner la batterie et l’harmonica pour des solos exaltés. «En live, notre musique est bien plus énergique. Nous sommes excités de monter sur scène et nous y mettons beaucoup d’énergie. C’est une vraie dance party!»
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Milky Chance, à la Salle des Fêtes de Thônex, Sa 24 à 20h, www.ticketcorner.ch