Une Le Pen en vedette américaine
Retirée de la politique depuis quelques mois, Marion Maréchal-Le Pen, petite-fille du fondateur du FN et nièce de Marine Le Pen, était l’invitée d’un raout de conservateurs américains. Ce qui fait grincer des dents des deux côtés de l’Atlantique.
L’ex-députée du FN a participé à un raout annuel des conservateurs, où elle est intervenue après le vice-président. Sa présence a suscité la controverse
Sa présence à la Conservative Political Action Conference (CPAC), le raout annuel des conservateurs américains, à quelques encablures de Washington, a été très remarquée. Marion Maréchal-Le Pen, nièce de la présidente du Front national Marine Le Pen, refait surface moins d’un an après avoir annoncé son retrait de la politique. De quoi relancer des rumeurs. Elle vient par ailleurs de confirmer qu’elle s’associait à la création d’une «académie de sciences politiques», pour «détecter et former les dirigeants de demain».
Steve Bannon admiratif
Du côté de Washington, il se murmure qu’elle a été invitée à la CPAC par Sarah Palin, ex-gouverneur de l’Alaska, et Steve Bannon, ancienne éminence grise de Donald Trump limogé de la Maison-Blanche, une incarnation de l’alt-right américaine et du courant des suprémacistes blancs. En automne 2016, alors qu’il dirigeait la campagne de Donald Trump, Steve Bannon n’avait pas caché son admiration pour celle qui était alors encore députée FN du Vaucluse, la qualifiant de «nouvelle étoile montante». Il avait laissé entendre qu’il souhaitait étendre sa plateforme extrémiste Breitbart News en France. Et collaborer avec les Le Pen. Marion Maréchal-Le Pen avait immédiatement sauté sur l’occasion. «Je réponds oui à l’invitation de Stephen Bannon, directeur de la campagne #Trump, à travailler ensemble», avait-elle alors écrit sur Twitter, en français et en anglais.
Jeudi, elle a pris la parole pendant près de dix minutes, intervenant après Mike Pence, le vice-président des Etats-Unis. Une place de choix. Donald Trump sera lui présent à la CPAC ce vendredi. Parmi les autres invités figurent notamment le Britannique Nigel Farage, fer de lance de la campagne pro-Brexit, le controversé shérif David Clarke, qui n’a pas hésité à comparer Barack Obama à Adolf Hitler, ou encore Sebastian Gorka, un ex-conseiller de Trump connu pour avoir des liens avec un groupe néonazi hongrois et lui aussi expulsé de la Maison-Blanche.
La petite-fille du leader historique du FN a dit soutenir le «America First» de Trump. Elle a séduit des conservateurs américains par sa jeunesse et sa modernité. Sur BFM, le vice-président du FN, Louis Aliot, cherchant visiblement à en tirer profit, s’est dit «plutôt fier qu’elle représente nos idées à la tribune à Washington». Marion Maréchal-Le Pen a en tout cas une meilleure cote aux Etats-Unis que sa tante. L’épisode du rendez-vous manqué de Marine Le Pen avec Donald Trump est encore dans bien des esprits. En janvier 2017, elle a été vue errant dans un café de la Trump Tower de New York, n’ayant pas réussi à rencontrer le président des Etats-Unis malgré l’intervention d’intermédiaires. En avril, Donald Trump a enfoncé le clou en déclarant, au Financial Times, à propos de sa candidature à la présidentielle française: «Je ne la connais pas. Je ne l’ai jamais rencontrée.»
Vieille garde choquée
Annoncée au dernier moment, la venue de Marion Maréchal-Le Pen a déclenché une polémique. Des membres de la vieille garde du parti ont fait savoir qu’ils étaient choqués de la présence de cette «figure anti-immigration extrémiste». La controverse traduit les différents courants parmi les conservateurs républicains à propos de la direction que doit prendre la formation. En 2016, en pleine campagne, Donald Trump avait lui-même décidé de se désister, jugeant être une figure «trop controversée». Mais depuis, la liste des invités semble confirmer un glissement idéologique de la CPAC. Son président s’en défend. La réponse de Matt Schlapp, sur Twitter: «Marion n’est pas sa tante.»