Démission surprise à la tête d’une filiale des TPG
La régie publicitaire des Transports publics genevois n’a plus de directeur depuis vendredi dernier. Un départ lié à des agissements que le conseil d’administration n’a pas appréciés
Explorer «de nouveaux horizons et de nouveaux challenges». C’est ainsi que le directeur de TP Pub, la régie publicitaire des Transports publics genevois (TPG), a annoncé vendredi dernier sur Facebook son départ avec effet immédiat. Le même jour, une note informait à l’interne que le responsable quittait son poste auquel il a donné entière satisfaction. TP Pub est la structure qui vend et conçoit la publicité affichée sur les trams et les bus genevois et lausannois. Son chiffre d’affaires annuel dépasse les 10 millions.
S’il a bien démissionné, les causes de son départ surprise ne sont pas liées à un désir d’ailleurs, selon plusieurs interlocuteurs qui se sont confiés au Temps. Le conseil d’administration l’aurait encouragé à le faire, lors d’une réunion, le 19 février dernier. En cause: le fait qu’il ne l’ait pas averti de la manière dont il a géré plusieurs créances ouvertes auprès de TP Pub. Joint par téléphone, le directeur conteste cette version: «Nous n’étions plus en phase, mon conseil d’administration et moimême, sur la stratégie de l’entreprise. Nous nous sommes séparés d’un commun accord.» Cette stratégie étant «bien entendu confidentielle», il refuse d’entrer dans les détails.
Difficultés à Lausanne
Tout a commencé avec les difficultés rencontrées par TP Pub à Lausanne. L’acquisition de ce marché vaudois est d’ailleurs un des succès de l’ex-directeur. Mais 2017, la première année d’exploitation, a été difficile, au point que les chiffres ont plongé dans le rouge. «Les concurrents ont cassé les prix, souligne une source. Et il y a eu plusieurs départs parmi les collaborateurs, ce qui a causé des problèmes de gestion.»
Lorsqu’il a appris ces difficultés, Luc Barthassat, conseiller d’Etat de tutelle des TPG, et donc de TP Pub, aurait demandé un bilan plus complet, dit un de nos interlocuteurs. «Pour assainir la situation, un plan a été mis sur pied», continue-t-il. C’est dans ce processus que le pot aux roses a été découvert. En lieu et place d’espèces, le directeur a essayé d’obtenir des contre-prestations auprès de clients qui doivent de l’argent à TP Pub. Un processus est en cours pour déterminer les sommes et les débiteurs concernés. Un client doit 100000 francs à TP Pub à lui seul, affirme un de nos interlocuteurs. Apprendre tardivement cette démarche a irrité les membres du conseil alors que la situation lausannoise avait rendu les besoins en liquidités pressants.
«Il a obtenu d’excellents résultats lors de ses neuf ans à la tête de cette régie, dit une de nos sources. Mais lorsqu’on renonce à récupérer des sommes en espèces qui sont dues, il faut avertir sa hiérarchie.» L’organe de révision des comptes de TP Pub s’est contenté de signaler l’astuce à la direction, sans en référer au conseil d’administration. «Les réviseurs auraient été plus avisés de prendre contact directement avec ce dernier», regrette une autre source. Une collaboratrice, qui était au courant de ce jeu de passe-passe, aurait reçu un avertissement.
Deux membres du conseil d’administration de TP Pub, Céline Amaudruz, conseillère nationale, et Denis Grobet, un professionnel du marketing, assurent l’intérim à la tête de cette filiale des TPG. Un rapport d’audit doit leur être remis le 12 mars. En attendant, la seule information que confirme Céline Amaudruz est que le directeur a remis sa démission à son conseil d’administration. La présidente des TPG, Anne Hornung-Soukup, n’en dit pas plus. Selon nos informations, ce silence s’explique par un accord de confidentialité qui lie les différentes parties.
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