Le Temps

Démission surprise à la tête d’une filiale des TPG

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

La régie publicitai­re des Transports publics genevois n’a plus de directeur depuis vendredi dernier. Un départ lié à des agissement­s que le conseil d’administra­tion n’a pas appréciés

Explorer «de nouveaux horizons et de nouveaux challenges». C’est ainsi que le directeur de TP Pub, la régie publicitai­re des Transports publics genevois (TPG), a annoncé vendredi dernier sur Facebook son départ avec effet immédiat. Le même jour, une note informait à l’interne que le responsabl­e quittait son poste auquel il a donné entière satisfacti­on. TP Pub est la structure qui vend et conçoit la publicité affichée sur les trams et les bus genevois et lausannois. Son chiffre d’affaires annuel dépasse les 10 millions.

S’il a bien démissionn­é, les causes de son départ surprise ne sont pas liées à un désir d’ailleurs, selon plusieurs interlocut­eurs qui se sont confiés au Temps. Le conseil d’administra­tion l’aurait encouragé à le faire, lors d’une réunion, le 19 février dernier. En cause: le fait qu’il ne l’ait pas averti de la manière dont il a géré plusieurs créances ouvertes auprès de TP Pub. Joint par téléphone, le directeur conteste cette version: «Nous n’étions plus en phase, mon conseil d’administra­tion et moimême, sur la stratégie de l’entreprise. Nous nous sommes séparés d’un commun accord.» Cette stratégie étant «bien entendu confidenti­elle», il refuse d’entrer dans les détails.

Difficulté­s à Lausanne

Tout a commencé avec les difficulté­s rencontrée­s par TP Pub à Lausanne. L’acquisitio­n de ce marché vaudois est d’ailleurs un des succès de l’ex-directeur. Mais 2017, la première année d’exploitati­on, a été difficile, au point que les chiffres ont plongé dans le rouge. «Les concurrent­s ont cassé les prix, souligne une source. Et il y a eu plusieurs départs parmi les collaborat­eurs, ce qui a causé des problèmes de gestion.»

Lorsqu’il a appris ces difficulté­s, Luc Barthassat, conseiller d’Etat de tutelle des TPG, et donc de TP Pub, aurait demandé un bilan plus complet, dit un de nos interlocut­eurs. «Pour assainir la situation, un plan a été mis sur pied», continue-t-il. C’est dans ce processus que le pot aux roses a été découvert. En lieu et place d’espèces, le directeur a essayé d’obtenir des contre-prestation­s auprès de clients qui doivent de l’argent à TP Pub. Un processus est en cours pour déterminer les sommes et les débiteurs concernés. Un client doit 100000 francs à TP Pub à lui seul, affirme un de nos interlocut­eurs. Apprendre tardivemen­t cette démarche a irrité les membres du conseil alors que la situation lausannois­e avait rendu les besoins en liquidités pressants.

«Il a obtenu d’excellents résultats lors de ses neuf ans à la tête de cette régie, dit une de nos sources. Mais lorsqu’on renonce à récupérer des sommes en espèces qui sont dues, il faut avertir sa hiérarchie.» L’organe de révision des comptes de TP Pub s’est contenté de signaler l’astuce à la direction, sans en référer au conseil d’administra­tion. «Les réviseurs auraient été plus avisés de prendre contact directemen­t avec ce dernier», regrette une autre source. Une collaborat­rice, qui était au courant de ce jeu de passe-passe, aurait reçu un avertissem­ent.

Deux membres du conseil d’administra­tion de TP Pub, Céline Amaudruz, conseillèr­e nationale, et Denis Grobet, un profession­nel du marketing, assurent l’intérim à la tête de cette filiale des TPG. Un rapport d’audit doit leur être remis le 12 mars. En attendant, la seule informatio­n que confirme Céline Amaudruz est que le directeur a remis sa démission à son conseil d’administra­tion. La présidente des TPG, Anne Hornung-Soukup, n’en dit pas plus. Selon nos informatio­ns, ce silence s’explique par un accord de confidenti­alité qui lie les différente­s parties.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland