L’Université de Fribourg invitée à s’expliquer sur Tariq Ramadan
Dans une interpellation, un député fribourgeois s’interroge sur les conditions d’arrivée et de financement de l’islamologue dans l’institution
L’affaire Ramadan pousse des ramifications jusqu’à Fribourg. Bien que l’islamologue soit aujourd’hui maintenu en détention provisoire pour viol, c’est son passé d’enseignant qui ressurgit dans les dossiers du Grand Conseil. Lundi, Xavier Ganioz, vice-président du Parti socialiste fribourgeois, a déposé une interpellation, qui s’intéresse aux conditions d’arrivée et de financement de Tariq Ramadan à l’Université de Fribourg, il y a une dizaine d’années.
Entre 2002 et 2004, il y était engagé en qualité de chargé de cours dans le domaine des sciences des religions, au sein de la Faculté des lettres, et était lié par un contrat portant sur une heure hebdomadaire d’enseignement de l’islam. C’est ce que rappellait un article publié le 10 novembre par le site d’investigation Mondafrique. L’enquête soulève que le prédicateur aurait utilisé cette fonction comme «carte de visite biaisée qui lui permet de se faire passer à l’étranger pour un universitaire», sans être officiellement nommé professeur ou assistant.
Financement pointé du doigt
«Il est de notoriété publique que Tariq Ramadan a enseigné au sein de l’université», affirme le député. Mais il s’interroge: «Si ces affirmations sont fondées, comment un tel poste d’enseignement a-t-il pu lui être accordé? L’institution s’est-elle fait berner au même titre que ses étudiants?» Une information l’inquiète plus encore. L’article évoque le financement qatari des cours livrés par l’islamologue à l’Université d’Oxford. Xavier Ganioz redoute qu’il en ait été de même à Fribourg.
Interrogé, le rectorat de l’institution confirme par e-mail les faits présentés dans l’article. Il précise que l’activité de Tariq Ramadan était considérée comme accessoire à celle qu’il exerçait à Genève, au Collège de Saussure, mais ne donne pas d’information quant à son financement. «L’Université de Fribourg n’est pas responsable des titres académiques qui ont été attribués à Monsieur Ramadan après son départ en 2004», ajoute le rectorat.
Volonté de transparence
A l’époque, la légitimité du poste d’enseignant de Tariq Ramadan avait été contestée par la députée UDC Claire Peiry-Kolly. Un rapport avait été demandé par le Conseil d’Etat au rectorat afin de connaître les risques de prosélytisme présents dans l’enseignement de l’islamologue. En réponse, ses étudiants avaient témoigné leur soutien à travers une pétition transmise au Grand Conseil fribourgeois.
Avec son interpellation, Xavier Goniaz affirme viser une transparence totale. Mais avant tout, il souhaite «éviter que l’affaire enflamme des ardeurs islamophobes, déjà attisées par la présence du Centre suisse islam et société à l’Université, sur le territoire fribourgeois».
Du côté des autorités, il est, pour l’heure, trop tôt pour s’exprimer. Un délai de réponse au texte déposé a été fixé à deux mois.
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