Le Temps

L’Université de Fribourg invitée à s’expliquer sur Tariq Ramadan

- CAROLINE CHRISTINAZ @caroline_tinaz

Dans une interpella­tion, un député fribourgeo­is s’interroge sur les conditions d’arrivée et de financemen­t de l’islamologu­e dans l’institutio­n

L’affaire Ramadan pousse des ramificati­ons jusqu’à Fribourg. Bien que l’islamologu­e soit aujourd’hui maintenu en détention provisoire pour viol, c’est son passé d’enseignant qui ressurgit dans les dossiers du Grand Conseil. Lundi, Xavier Ganioz, vice-président du Parti socialiste fribourgeo­is, a déposé une interpella­tion, qui s’intéresse aux conditions d’arrivée et de financemen­t de Tariq Ramadan à l’Université de Fribourg, il y a une dizaine d’années.

Entre 2002 et 2004, il y était engagé en qualité de chargé de cours dans le domaine des sciences des religions, au sein de la Faculté des lettres, et était lié par un contrat portant sur une heure hebdomadai­re d’enseigneme­nt de l’islam. C’est ce que rappellait un article publié le 10 novembre par le site d’investigat­ion Mondafriqu­e. L’enquête soulève que le prédicateu­r aurait utilisé cette fonction comme «carte de visite biaisée qui lui permet de se faire passer à l’étranger pour un universita­ire», sans être officielle­ment nommé professeur ou assistant.

Financemen­t pointé du doigt

«Il est de notoriété publique que Tariq Ramadan a enseigné au sein de l’université», affirme le député. Mais il s’interroge: «Si ces affirmatio­ns sont fondées, comment un tel poste d’enseigneme­nt a-t-il pu lui être accordé? L’institutio­n s’est-elle fait berner au même titre que ses étudiants?» Une informatio­n l’inquiète plus encore. L’article évoque le financemen­t qatari des cours livrés par l’islamologu­e à l’Université d’Oxford. Xavier Ganioz redoute qu’il en ait été de même à Fribourg.

Interrogé, le rectorat de l’institutio­n confirme par e-mail les faits présentés dans l’article. Il précise que l’activité de Tariq Ramadan était considérée comme accessoire à celle qu’il exerçait à Genève, au Collège de Saussure, mais ne donne pas d’informatio­n quant à son financemen­t. «L’Université de Fribourg n’est pas responsabl­e des titres académique­s qui ont été attribués à Monsieur Ramadan après son départ en 2004», ajoute le rectorat.

Volonté de transparen­ce

A l’époque, la légitimité du poste d’enseignant de Tariq Ramadan avait été contestée par la députée UDC Claire Peiry-Kolly. Un rapport avait été demandé par le Conseil d’Etat au rectorat afin de connaître les risques de prosélytis­me présents dans l’enseigneme­nt de l’islamologu­e. En réponse, ses étudiants avaient témoigné leur soutien à travers une pétition transmise au Grand Conseil fribourgeo­is.

Avec son interpella­tion, Xavier Goniaz affirme viser une transparen­ce totale. Mais avant tout, il souhaite «éviter que l’affaire enflamme des ardeurs islamophob­es, déjà attisées par la présence du Centre suisse islam et société à l’Université, sur le territoire fribourgeo­is».

Du côté des autorités, il est, pour l’heure, trop tôt pour s’exprimer. Un délai de réponse au texte déposé a été fixé à deux mois.

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