Le Temps

La fintech suisse progresse et montre des signes de maturité

- EMMANUEL GARESSUS, ZOUG @garessus

Genève se classe au troisième rang mondial dans la technologi­e appliquée à l’innovation financière, selon le rapport fintech 2017 de l’institut IFZ, à Zoug. Le secteur a vu 32 créations d’entreprise­s en 2017

La fintech suisse «donne des signes à la fois de croissance et de maturité», a déclaré le professeur Thomas Ankenbrand, en ouverture de la présentati­on du rapport fintech 2017 de l’Institute of Financial Services Zug (IFZ), mercredi à Zoug.

Le rapport indique que 32 entreprise­s fintechs ont été créées en Suisse en 2017, contre 27 en 2016. Plus de la moitié (18) des nouvelles venues sont spécialisé­es dans la blockchain, essentiell­ement dans le canton de Zoug, soulignant le dynamisme de la Cryptovall­ey. D’ailleurs, un record de 16 fintechs ont été fondées dans cette région. La place suisse comporte donc 220 entreprise­s. Mais le nombre de créations s’est ralenti par rapport aux 38 nouvelles start-up de 2015.

La progressio­n significat­ive de la fintech se lit aussi à travers une multiplica­tion par six des levées de fonds publiques dans le capital-risque à 129,9 millions de francs, à travers 68 tours de financemen­t. L’argent sert d’ailleurs de plus en plus à financer des stades avancés de la vie des entreprise­s.

Genève et Cryptovall­ey en tête

Deux régions dominent la carte fintech, celle comprise entre Zoug, Schwyz et Zurich, d’une part, et la région lémanique, d’autre part. Zurich arrive en tête avec 88 fintechs devant Zoug (45) et Genève (22). Cette dernière a enregistré la création de trois fintechs en 2017. Le canton de Schwyz réalise, lui, une véritable percée avec 10 nouveaux acteurs.

La scène fintech donne de plus des signes de maturité. En dehors de la blockchain et de la gestion de placement, le nombre de start-up se stabilise dans les autres catégories, par exemple dans l’analytique (Big Data, intelligen­ce artificiel­le), les paiements ou les infrastruc­tures bancaires. Thomas Ankenbrand estime aussi que les modèles sont plus complément­aires aux offres actuelles des banques que réellement disruptive­s.

Quant à la principale préoccupat­ion des fintechs, selon un sondage de l’IFZ, elle ne se situe pas dans une concurrenc­e exacerbée, le coût du travail élevé ou l’excès de réglementa­tion mais dans la difficulté à trouver des clients.

L’évolution de l’emploi renforce cette idée de maturité, même s’il n’existe pas de données globales sur l’emploi fintech en Suisse. La taille de ces start-up s’est en effet accrue. En 2015 et 2016, plus d’un tiers comptaient moins de cinq employés (équivalent­s plein-temps). Cette proportion est tombée à 26% l’an dernier. Par contre, la part des sociétés de 5 à 15 collaborat­eurs est grimpée de 35 à 42% en un an. A la fin de 2017, un tiers ont plus de 15 employés.

La Suisse est un centre mondial de la fintech, selon une comparaiso­n en vertu de 72 indicateur­s réalisée par l’IFZ. Plus exactement, Zurich est deuxième derrière Singapour et devant Genève, comme l’an dernier. Les villes suisses se placent devant Londres, qui gagne quatre rangs, Amsterdam, Toronto, Stockholm, New York (–3 places) et San Francisco (–3). Mais Zurich et Genève ne sont respective­ment que dixième et douzième selon la dimension technologi­que. L’emploi des nouvelles technologi­es peine à entrer dans la vie quotidienn­e, à commencer par les services de l’Etat, selon l’auteur. «Les Suisses ont tous un smartphone, mais ils utilisent bien peu les apps disponible­s», résume-t-il.

La principale préoccupat­ion des fintechs se situe dans la difficulté à trouver des clients

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