Ghostpoet
Il s’appelle Obaro Ejimiwe, mais c’est sous le pseudonyme de Ghostpoet qu’il enregistre depuis 2011 de beaux disques hypnotiques, à l’insondable noirceur. Sorti l’été dernier, son quatrième album – Dark Days+ Canapés
– est l’un des meilleurs entendus en 2017. Le Londonien y creuse le sillon d’un univers bien à lui, à tel point qu’on ne sait plus trop si on écoute du rock, de l’électro, du rap ou du trip-hop, voire, parfois, du jazz. Et c’est une belle sensation que d’être à la fois envoûté et perdu, de ne pas avoir l’impression d’écouter l’énième reproduction de formules toutes faites.
Dark Days+ Canapés s’ouvre sur «One More Sip», un morceau anxiogène qui évoque les déstructurations électros d’Aphex Twin et pourrait sans problème servir à illustrer l’un ou l’autre des films labyrinthes de David Lynch. Après cette minute trente de chaos, comme pour assommer d’emblée l’auditeur, «Many Moods At Midnight» tisse une mélodie empruntant autant au rock qu’au blues. Puis vient le faussement apaisé «Trouble+ Me», un titre tout en faux-semblant dont l’apparente sécheresse ne saurait dissimuler le génie de cet artiste inclassable.
Si le Britannique aux origines nigérianes et dominicaines a choisi de s’appeler Ghostpoet, c’est parce qu’à ses débuts il voulait éviter d’être perçu comme un rappeur, et que l’idée d’avancer en poète insaisissable, fantomatique, lui semblait être la meilleure façon de refléter son état d’esprit. Mais il n’est pas resté longtemps secret. Dès son premier album, le plus expérimental Peanut
Butter Blues & Melancholy Jam, il s’est retrouvé nommé pour le prestigieux Mercury Prize. Le voir dans l’intimité du Bad Bonn laisse présager d’un concert intense. ▅