Le Temps

L’aéroport en version 2030 fâche la rive droite

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Sept communes voisines de Cointrin ont communiqué à la Confédérat­ion leur désaccord concernant les perspectiv­es de développem­ent d’ici à 2030

Le développem­ent de l’Aéroport internatio­nal de Genève (AIG) fait toujours plus de mécontents. La Confédérat­ion a lancé une consultati­on qui se termine le 16 mars concernant sa croissance d’ici à 2030. C’est le Plan sectoriel de l’infrastruc­ture aéronautiq­ue (PSIA). Ce document détermine notamment le nombre de passagers annuels (25 millions contre 17 aujourd’hui) et le volume de nuisances sonores autorisé.

Le Groupement des communes de la rive droite du lac (GCRDL) a annoncé ce jeudi que ses sept membres (Bellevue, Céligny, CollexBoss­y, Genthod, Grand-Saconnex, Pregny-Chambésy, Versoix) avaient préavisé défavorabl­ement ce projet. «Ce n’est pas une attaque contre le développem­ent économique de l’aéroport, prévient Philippe Schwarm, maire PLR de Pregny-Chambésy. Mais les chiffres avancés par la Confédérat­ion sont disproport­ionnés par rapport à la taille de notre région.» En configurat­ion haute, un maximum de 47 avions par heure est prévu dans le PSIA, soit un avion toutes les 90 secondes, contre 40 mouvements aujourd’hui.

Impact sur la santé publique

S’ils estiment que ce n’est pas à eux de fixer une limite chiffrée au développem­ent de l’AIG, les maires admettent que si l’aéroport en restait aux gabarits actuels, cela leur conviendra­it.

L’impact sur la santé publique inquiète les sept maires, réunis ironiqueme­nt un matin où l’aéroport était fermé pour cause de neige abondante. «Aujourd’hui, aucun avion ne vole entre 5 et 6 heures du matin. Mais ce créneau reste ouvert, dit Jean-Daniel Viret, élu de Bellevue. Nous demandons un couvre-feu total entre 23 heures et 6 heures, comme à Zurich.»

Autre mesure demandée par le GCRDL: l’installati­on de deux stations de contrôle de la qualité de l’air à Vernier et Genthod, d’un bout à l’autre de la piste. Les services de l’Etat consultés approuvent cette idée. Mais le canton considère que c’est aux communes de financer ces dispositif­s.

Les élus, enfin, redoutent les effets du bruit sur le prix du mètre carré dans leurs communes. Les nuisances sonores des avions rendent certaines zones non constructi­bles. Selon leurs calculs, 90% du territoire constructi­ble de Genthod ne le serait plus sous le régime PSIA, tout comme 60% de celui de Bellevue et 45% de celui de Versoix. «Moins de logements neufs, ce sont moins de familles qui s’installent, avec des conséquenc­es en cascade. Notre école comptait 250 élèves il y a peu contre 170 aujourd’hui», s’inquiète le maire de Genthod, Wolfgang Honegger.

«Nous demandons à Berne que cette fiche PSIA contienne des mesures réellement contraigna­ntes pour l’aéroport, ce qui n’est pas le cas en l’état actuel», résume Jean-Daniel Viret. Le Conseil fédéral doit adopter ce document au second semestre 2018.

Vaudois et Français opposés

Le GCRDL avait déjà fait connaître son désaccord il y a deux ans, dans le cadre du regroupeme­nt de 45 communes vaudoises et françaises. Un refus confirmé récemment par une lettre, en cours de signature.

Les Genevois doivent voter d’ici à juin 2019 sur une initiative qui veut réformer la gouvernanc­e de l’AIG. Le Grand Conseil s’est opposé la semaine dernière à un vote dès juin 2018, afin de rédiger un contre-projet. «Cela nous convient, dit Cédric Lambert, élu de Versoix. En cas de contre-projet, nous serons consultés et pourrons exposer notre point de vue.»

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