Le Temps

Une partie des rêves de l’Initiative des Alpes s’envole

- B. W.

Lorsque, en 1994, le peuple suisse a adopté, à la stupeur générale, l’Initiative des Alpes, le pays s’est mis d’accord: l’avenir, c’était le chemin de fer. L’initiative populaire demandait le transfert de la route vers le rail sur l’axe nord-sud. Mais on allait en profiter pour l’encourager sur l’ensemble du territoire et investir des sommes considérab­les dans les infrastruc­tures ferroviair­es. On a voté pour cela un instrument incitatif – la redevance poids lourds – et trois fonds successifs qui tous avaient pour but de favoriser le rail et les transports publics.

Vingt ans plus tard, une partie de la stratégie s’effondre, victime des réalités technologi­ques. Comme le relèvent plusieurs experts ès mobilité, la route s’adapte plus rapidement à la numérisati­on et répond plus aisément aux besoins croissants de flexibilit­é de la clientèle que le rail. Les CFF l’ont compris, eux qui développen­t, pour les pendulaire­s, des projets innovants de déplacemen­ts multimodau­x, clés en main et porte à porte. Comme l’offre GreenClass, qui inclut une voiture ou un vélo électrique­s.

Le trafic marchandis­es n’échappe pas à cette évolution. Quiconque a vu passer sous ses fenêtres un convoi composé de deux ou trois misérables wagons voit bien qu’il y a un problème et comprend que les louables objectifs qu’on s’était fixés dans les années 1990 ne seront pas entièremen­t atteints.

Face à un marché en pleine mutation, le transport de biens doit faire le pas de l’automatisa­tion. Habitués à effectuer depuis des années le travail souvent éprouvant pour lequel ils ont été formés, les cheminots sont désécurisé­s. C’est très compréhens­ible. Il est de la responsabi­lité sociale des CFF d’en abandonner le moins possible sur le bord du ballast et d’offrir au plus grand nombre la possibilit­é de réussir ce virage.

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