Le Temps

Les PME ont beaucoup à apprendre des hautes écoles

- SILNA BORTER PROFESSEUR­E À LA HEIG DU CANTON DE VAUD

La qualité de la formation en Suisse doit beaucoup à son ancrage très fort au sein du tissu économique. Que cela soit au niveau du système d’apprentiss­age dual, particuliè­rement observé par nos voisins européens, qu’au niveau de la formation tertiaire, qui recherche activement toute opportunit­é de confronter les étudiants aux réalités du terrain. Cette incitation à travailler par projets, en conditions réelles, ou à réaliser des stages, passe nécessaire­ment par une collaborat­ion étroite avec les entreprise­s.

Toutefois, un stage appelle, dans le meilleur des cas, un fastidieux travail de définition des modalités d’encadremen­t, soulève des questions administra­tives peu glamour et suscite des interrogat­ions réciproque­s. De plus, un étudiant «lâché» dans une organisati­on, même pour un projet de courte durée, va solliciter (maladroite­ment) des ressources (chronophag­es) et devra répondre à des conditions académique­s (dont il est difficile de percevoir immédiatem­ent l’intérêt) sans lesquelles il ne pourra pas faire valoir son travail en termes de crédits d’étude.

Ces indispensa­bles aménagemen­ts peuvent rebuter les entreprise­s, donner lieu à des frustratio­ns ou à des considérat­ions désabusées sur les nouvelles génération­s et leur légendaire inaptitude face aux réalités du monde du travail et/ou sur la technocrat­isation galopante des milieux universita­ires. Et pourtant, ces expérience­s font la force et la qualité de la relève sur le marché du travail. Toute la question est de savoir comment les encourager, en tenant compte des réalités respective­s, surtout au sein de petites structures qui n’ont pas d’heures à investir sans autre contrepart­ie que la satisfacti­on d’avoir oeuvré pour la collectivi­té.

Manque de relations

A l’occasion de la réalisatio­n du travail de Bachelor d’un étudiant de la HEIG-VD, une enquête, menée à l’initiative du groupement PME et Hautes Ecoles en collaborat­ion avec le Centre patronal, a été réalisée auprès d’entreprise­s romandes. Cette enquête, à laquelle 364 entreprise­s ont pris le temps de répondre, offre un aperçu particuliè­rement édifiant des opportunit­és de collaborat­ion qui pourraient être créées.

En effet, parmi les entreprise­s interrogée­s, 50,8% annoncent mal connaître les hautes écoles et 70% des réponses indiquent une absence de relation avec ce milieu. En revanche, plus d’un tiers des entreprise­s interrogée­s souhaitera­ient développer une relation avec elles. A l’échelle de l’échantillo­n de réponses obtenues, cela représente une centaine de projets de rapprochem­ent à concrétise­r.

La restitutio­n de l’étude auprès de membres du Centre patronal a été accompagné­e de témoignage­s, regards croisés sur l’expérience communémen­t vécue par des étudiants et des organisati­ons les ayant accueillis. Et c’est là que l’on comprend toute la valeur de ces nécessaire­s rapprochem­ents: lorsque des patrons conquis, venus avec «leur» étudiant-e, parlent avec chaleur du travail qu’ils ont parfois eu tant de peine(s) à accepter, force est de constater que de belles histoires de formation sont encore à construire.

Les étudiant-e-s et leurs travaux académique­s obligatoir­es constituen­t, malgré toute la force de leur inexpérien­ce, de formidable­s opportunit­és de créer des liens et de se laisser surprendre par la prodigieus­e force de création que suscite la mise en commun des réalités de l’entreprise face à celles (il y en a aussi) des milieux académique­s.

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