Le Temps

Apprendre à penser comme un ordinateur

- STÉPHANE BENOIT-GODET RÉDACTEUR EN CHEF

Faut-il désormais penser n’importe quelle tâche en prenant en compte comment l’intelligen­ce artificiel­le pourrait nous aider à l’accomplir? Alors que les ordinateur­s envahissen­t chaque aspect de nos vies, il faudra bientôt constammen­t se poser la question de ce qu’il faut faire soi-même, déléguer à quelqu’un d’autre ou faire faire par une intelligen­ce artificiel­le. Cela remet en cause une bonne partie de l’organisati­on en entreprise mais aussi des pratiques sociales, voire familiales et intimes. Qui s’occupera le mieux de vos prochaines vacances: vous-même, votre partenaire, une agence de voyages ou un assistant virtuel?

Dans l’entreprise, il faut penser par strates et se poser la question constammen­t de ce qui sera le plus efficace. C’est ce que l’on appelle la pensée computatio­nnelle, soit l’appréhensi­on des problèmes afin d’envisager comment un ordinateur pourrait les résoudre. Dans le monde de l’éducation, la question ne se pose plus. On formera toujours plus de gens qui doivent être capables de dépasser les difficulté­s en pensant en dehors du cadre et en utilisant les nouveaux outils à dispositio­n.

Pour cela, il faut appréhende­r les problèmes avec une logique de visualisat­ion, à la fois des embûches à régler et de l’objectif que l’on souhaite atteindre. Bref, une approche très organisée de résolution des problèmes au fur et à mesure qu’ils se posent avec, dès le départ dans l’équation, des capacités de collaborat­ion, de créativité et de communicat­ion. Toutes les grandes écoles avancent à grande vitesse sur cette question.

Dans la vie de tous les jours, nous n’en sommes pas encore là, dans bien des cas. «Sans même parler de coder, si tout le monde savait déjà créer des fichiers partagés et remplir des tableaux dynamiques, nous aurions fait un grand pas», s’exclamait une responsabl­e de Google au WEF à Davos. C’est une réalité crue. Même si le code se voit désigné comme le nouveau langage universel que chacun devrait maîtriser à l’ère numérique, ceux qui détiennent cette compétence sont encore bien peu nombreux.

Il y a toutefois une autre manière d’envisager les choses. L’informatiq­ue a déjà beaucoup changé nos comporteme­nts dans la gestion de projet. Par exemple, le fait de tester et d’affiner une solution plutôt que de croire que l’on sera génial du premier coup, c’est typiquemen­t une approche technologi­que. Elle n’implique même pas d’utiliser un ordinateur et fait déjà partie de la résolution de problèmes dans la plupart des entreprise­s. Même si on ne maîtrise pas tous le code, on sait déjà penser comme des ordinateur­s. ▅

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland