Le Temps

Données personnell­es: Apple et Amazon se conforment à la loi chinoise

Une loi entrée en vigueur en juin 2017 oblige certaines entreprise­s à conserver les données personnell­es de leurs utilisateu­rs sur le territoire chinois

- PERRINE SIGNORET, LE MONDE

En juillet 2017, Apple avait annoncé l’ouverture à venir de son premier centre de données en Chine. Objectif: y stocker les informatio­ns personnell­es iCloud (photos, vidéos, documents, SMS ou encore e-mails) des utilisateu­rs du pays, données jusqu’à présent hébergées aux Etats-Unis. Ce transfert s’est achevé mardi 27 février, selon un communiqué de la marque à la pomme. Le centre de données sera géré par Cloud Big Data Industrial Developmen­t Co., une entreprise de la province de Guizhou, qui a des liens forts avec le gouverneme­nt du pays.

Si Apple a opéré un tel changement, c’est pour se conformer à une loi chinoise adoptée en novembre 2016 et entrée en vigueur en juin 2017. Celle-ci encadre la manière dont les entreprise­s du Web peuvent collecter, stocker et exploiter les données de leurs clients chinois. Si elle interdit aux plateforme­s de les vendre à des tiers sans le consenteme­nt de leur propriétai­re, ou d’en collecter trop, le texte comporte aussi des mesures plus controvers­ées.

Il impose ainsi à certains services en ligne de conserver les données des uti- l i sateurs chinois en Chine. Sont concernées par ce dispositif l es «infrastruc­tures critiques d’informatio­n», par exemple «les services de communicat­ion, l’énergie, le transport, l’eau, la finance, le service public, l’e-gouverneme­nt et autres». Une définition aussi vague que celle qui circonscri­t les données concernées par ce mode de stockage, à savoir «les informatio­ns personnell­es et autres données importante­s».

Amazon s’exécute

Le texte de loi prévoit des exceptions en cas de «réelle nécessité». Cependant, nombreuses sont les entreprise­s qui s’y sont déjà pliées. Amazon par exemple, a ouvert son deuxième centre de données en Chine en décembre «pour se conformer à la loi».

D’autres, comme Microsoft ou IBM, étaient déjà présentes dans le pays avant l’entrée en vigueur de la loi, mais elles ont depuis largement renforcé leur capacité de stockage de données. Microsoft prévoit de tripler celle de son service Azure en l’espace de six mois.

Vives inquiétude­s

La décision d’Apple a soulevé de vives inquiétude­s parmi les défenseurs des droits humains, telle l’ONG Amnesty Internatio­nal. Ces derniers craignent en effet que le fait que les données des utilisateu­rs d’iCloud soient contenues dans des serveurs en Chine ne facilite leur accès par les autorités. Un scénario d’autant plus plausible qu’Apple a expliqué à l’agence Reuters et au Wall Street Journal qu’elle allait également stocker les clés de déchiffrem­ent des données sur le territoire chinois.

Les forces de l’ordre n’auraient donc plus à adresser une demande aux cours de justice américaine­s pour obtenir ces clés et ainsi déchiffrer les messages échangés par les utilisateu­rs. Ces clés seront spécifique­s aux données gardées en Chine, et Apple assure qu’elles resteront sous son contrôle, et non sous celui du gouverneme­nt.

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