L’HÉRITAGE DE JOHNNY HALLYDAY, RÉVÉLAT
L’étalage des déchirements de la famille du chanteur questionne sur notre propre conception de la transmission. Le romancier Carlo Emilio Gadda plonge un riche Milanais dans les affres de sa mort prochaine, mettant ainsi au jour des cicatrices toujours vives
◗ Les déchirements de la grande famille Hallyday autour de l’héritage du chanteur ne laissent visiblement personne indifférent. Qui donc faut-il soutenir? Laeticia, l’ultime élue et unique légataire, ou Laura et David, les deux enfants nés de lits précédents et « malencontreuse- ment» oubliés dans le testament? Les uns après les autres, amis et stars prennent parti pour l’un ou l’autre camp, ramenant en pleine lumière des visages un peu oubliés et dont on gardait une i mage plus j eune. Même l es sosies de «l’idole» se sentent tenus de donner leur avis. Les internautes ne sont évidemment pas en reste, leurs commentaires, souvent acides pour Laeticia, grossissant jour après jour.
Mais de quoi parle- t- on au j uste? Pas de potins people, mais d’une difficulté juridique. A-t-on donc le droit de déshériter ses enfants de façon aussi cavalière? Assez opportunément, Johnny était allé finir sa
«Le souci majeur de Beniamino ne venait d’ailleurs pas tant du fait que la Substance pût aller s’écraser […] sur la tête d’un marginal, voir extrinsèque héritier Venarvaghi […]: mais du risque abominable qu’Elle courait à chaque nouvel accouplement d’héritiers […] de s’effriter et disperser; de s’évanouir enfin» (C. E. GADDA, «DES ACCOUPLEMENTS BIEN RÉGLÉS»,
TRAD. F. DUPUIGRENET DESROUSSILLES ET M. FRATNIK, SEUIL, 1989)