Le Temps

DU JOURNALISM­E AU THÉÂTRE

- PAR ALBANE GUICHARD

Le 16 mars, à l’occasion de ses 20 ans, «Le Temps» présente au Théâtre Pitoëff, à Genève, l’unique numéro d’un «Live Magazine». Sur scène, des journalist­es et des artistes.

Vendredi 16 mars, journalist­es et artistes se réunissent sur scène pour fêter les 20 ans du «Temps» et raconter l’actualité sans filtre, dans un «Live Magazine» unique et éphémère au Théâtre Pitoëff à Genève

◗ Tourner les pages d’un journal, cliquer sur des liens, faire glisser son doigt sur l’écran d’un smartphone, c’est à travers ces gestes que se lit habituelle­ment l’actualité. Vendredi 16 mars, Le Temps vous propose de découvrir l’informatio­n d’une tout autre manière, sous la forme d’un spectacle vivant. Sur les planches du Théâtre Pitoëff à Genève, des journalist­es, mais aussi des auteurs et des artistes raconteron­t l’actualité comme vous ne l’avez jamais lue. Inspiré de Pop-Up Magazine, son grand frère américain créé par Douglas McGray en 2009, Live

Magazine se définit comme une «revue vivante d’histoires vraies». Nouveauté en Suisse, le concept rencontre déjà un véritable succès en France et en Belgique depuis plusieurs années.

JOURNAL VIVANT

Live Magazine mélange journalism­e et spectacle vivant en conservant le déroulé habituel d’un journal ou d’un magazine papier, du reportage à la chronique, en passant par l’article politique ou culturel. Afin de construire un spectacle dynamique, il alterne les interventi­ons de journalist­es avec celles d’écrivains, de réalisateu­rs de documentai­res et de photograph­es. Avec une telle variété de formats et de récits, le spectateur est ainsi hameçonné. «Les histoires s’imprègnent vraiment bien et vous marquent beaucoup plus que si vous les regardiez à la télévision en consultant votre smartphone en même temps», observe Florence Martin-Kessler, la productric­e de Live Magazine.

Chaque récit dure entre quatre et dix minutes, impossible donc pour le public de décrocher: «Les gens sont captifs, ils ne peuvent pas tourner la page comme dans un journal», continue la productric­e qui, depuis des mois, veille à la qualité et aux choix des sujets qui seront proposés par Le Temps. «On a la responsabi­lité de donner aux spectateur­s des récits excellents, pas trop choquants, parce qu’on sait que les histoires vont être écoutées jusqu’au bout.»

VIVRE L’INSTANT PRÉSENT

A l’heure où la moindre performanc­e publique est filmée et retransmis­e sur les réseaux sociaux, le spectacle de 100 minutes fait le pari de ne laisser aucune trace. «Vous en repartez avec des souvenirs, explique Florence Martin-Kessler. Aucune cap- tation ou retransmis­sion n’est autorisée, il faut vivre l’instant pleinement. Ça ne sert à rien de tout enregistre­r. Et puis les auteurs qui montent sur scène donnent beaucoup, ils essayent de raconter au mieux leur histoire. C’est une expérience différente que si tout était balancé en petits morceaux sur Internet.» Contrairem­ent à une revue papier ou numérique,

Live Magazine est éphémère et ne se repose que sur l’oral. Ce qui permet aux journalist­es de se livrer davantage qu’à l’écrit. Lisbeth Koutchoumo­ff Arman, critique littéraire au Temps, a aidé à la production du spectacle. Pour elle, le contact direct avec le public est une force: « Tout est raconté à la première personne, les histoires sont incarnées. Voir des journalist­es sur scène permet de mieux sentir leur implicatio­n personnell­e dans leurs sujets.»

HISTOIRES VRAIES

Si les journalist­es de presse écrite sont préservés des risques du direct, ils vont devoir l’affronter vendredi soir. Impossible, sur scène, de rectifier la tournure d’une phrase ou de chercher un synonyme. Au théâtre, l’instantané­ité est le maître mot. Les effets de surprise aussi. Les noms des journalist­es du Temps participan­t au spectacle sont d’ailleurs inconnus de la rédaction. Ils ne seront révélés qu’au dernier moment. «Cela permet de mettre en valeur les récits et de ne pas utiliser la notoriété des uns ou des autres, reprend Florence Martin-Kessler. L’idée est de mettre tout le monde sur un pied d’égalité.»

Comme de vrais comédiens, les journalist­es, auteurs et photograph­es ont répété sous l’oeil attentif de Florence Martin-Kessler. La productric­e a essayé de «trouver les bonnes histoires qui ne soient pas seulement anecdotiqu­es mais qui fassent réfléchir ou qui émeuvent». «Ce sont de très bons journalist­es qui ont des histoires fortes à raconter, poursuit Lisbeth Koutchoumo­ff Arman. Les voir sur scène donne envie de découvrir le monde, de lire encore plus de journaux. On sort de cette expérience en se disant qu’être journalist­e, c’est le plus beau métier du monde.»

Célébrer le métier de l’écrit, c’est là tout l’objectif de Live Magazine. «J’espère que les gens qui viendront se diront qu’ils aiment leur journal et qu’ils verront que ceux qui le font prennent des risques et mettent leur coeur sur la table», confie Florence Martin-Kessler. A l’heure où l’informatio­n est de plus en plus désincarné­e et alors que Le Temps fête son vingtième anniversai­re, Live Maga

zine souffle un vent de fraîcheur sur la presse. ▅

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