Le précieux soutien des télévisions publiques
La campagne qui s’achève ces jours (enfin?), à propos de «No Billag» a été «la plus agressive de ces 20 dernières années», a écrit mon collègue Michel Guillaume. On peut s’étonner de ce que l’existence des radios et télés publiques déchaîne autant les passions. Cela montre l’importance, toujours puissante, de l’audiovisuel public dans la vie des gens, qu’ils l’adorent ou qu’ils le honnissent.
Pour l’amateur de fictions TV, le débat suscite quelques échos. Aux Etats-Unis, les premières séries sont nées dans un contexte de chaînes privées. A l’inverse, en Europe, le feuilleton est vite apparu comme une composante du service public, y compris dans la très libérale Grande-Bretagne.
La trinité du service public – informer, éduquer et divertir – comprend la fiction, aujourd’hui disputée. Dans les premiers temps, durant les décennies 1950 et suivantes, les diffuseurs nationaux considéraient comme leur devoir d’édifier le téléspectateur avec une culture plus ou moins adaptée au petit écran. Ainsi sont nées des adaptations de grandes oeuvres, telles que
Les Rois maudits par l’ORTF, la TV française d’alors. C’est l’idée d’une TV publique qui dispense d’en haut son bagage culturel aux familles regroupées devant le poste en soirée, comme l’instituteur a professé durant la journée.
Ensuite, la fiction a évolué, surtout en raison de la concurrence des diffuseurs privés. Le service public a justifié ses séries simplement parce que les capitalistes de la TV en faisaient autant. Une pure logique d’alignement concurrentiel, dans laquelle la raison même d’exister d’une production de fiction par les chaînes publiques se diluait. Il fallait juste faire comme le camp d’en face.
Ces dernières années, la justification politique à la création de séries TV publiques en Europe a reçu quelques nouvelles motivations. Par leur succès, d’abord, après les triomphes des Danois ( The Killing, etc.). Aussi, grâce à leur circulation. Les feuilletons fabriqués par ces vieilles grands-mères poilues que sont les TV publiques s’exportent de plus en plus. Il suffit de voir le ramdam croissant autour des fictions produites par la chaîne norvégienne NRK, entre autres.
Ces jours, la télévision belge commence à montrer la série romande Quartier des banques. Et les Suisses votent sur «No Billag».