Le Temps

Pour des Fêtes de onze jours

- LAURE LUGON ZUGRAVU @LaureLugon

Plus de 54% des citoyens de la ville se sont prononcés pour des Fêtes de Genève de onze jours, contre une initiative qui proposait de les réduire à une semaine. Par ailleurs, les Genevois ont refusé les coupes budgétaire­s de la droite.

C’est à plus de 54% que les citoyens de la Ville se sont prononcés pour des Fêtes de Genève de onze jours, contre une initiative qui proposait de les réduire à une semaine. Et ce, malgré le fiasco qui entache l’événement

Le contexte est chahuté, et même pire. Avec le fiasco entourant les Fêtes de Genève – dépassemen­ts calamiteux de budgets, licencieme­nt du directeur de Genève Tourisme et du responsabl­e de la manifestat­ion, renoncemen­t aux Fêtes cet été et feu d’artifice pas assuré –, la votation aurait pu tout emporter. Mais il n’en est rien. A 54,39%, les citoyens de la Ville ont dit leur attachemen­t à la manifestat­ion, en acceptant le contre-projet visant à organiser des Fêtes sur onze jours. Ils ont rejeté à 62,65% l’initiative qui les aurait réduites à l’insignifia­nce. Une manifestat­ion d’une semaine, en effet, aurait enlevé tout espoir de rentabilit­é.

Ce résultat est un désaveu cinglant pour l’activiste indépendan­t Jean Barth, promoteur de l’initiative «Pour des Fêtes plus courtes et plus conviviale­s», qui tablait sur le ras-le-bol des riverains face aux nuisances engendrées par la manifestat­ion et proposait de reléguer la majorité des forains sur la plaine de Plainpalai­s. En revanche, pour le conseiller administra­tif PDC Guillaume Barazzone, chargé de l’Environnem­ent urbain, «c’est un signal clair. Les Genevois veulent une manifestat­ion conviviale, respectueu­se du site et du voisinage.»

Pierre Maudet renvoie la Ville à ses responsabi­lités

Mais l’élu prévient: «Le peuple ne veut pas de financemen­t direct de la Ville. Le contre-projet stipule qu’elle n’a pas le droit de prendre les rênes de la manifestat­ion et de la subvention­ner.» Et tant pis pour le canton qui, par la bouche du conseiller d’Etat Pierre Maudet, avait évoqué la possibilit­é d’un soutien de la Ville. Celui-ci se bornera à des prestation­s connexes et en nature, la manifestat­ion ayant lieu sur son domaine public. Pour cet été, le Conseil municipal propose de faire un geste: les loyers encaissés par la grande roue, soit environ 200 000 francs, qui reviennent à la Ville, seront affectés au grand feu d’artifice. Il faudra encore trouver des sponsors pour les 600 000 francs restants.

Autres animations estivales

De son côté, Genève Tourisme & Congrès n’a pas commenté le résultat du vote. Pierre Maudet en revanche renvoie la Ville à ses responsabi­lités: «Le Conseil d’Etat prend acte du rejet de l’initiative et attend de connaître maintenant la suite qu’entend donner la Ville aux éditions 2018 et suivantes, compte tenu de son intérêt réaffirmé pour l’animation de la ville et du nouveau cadre fixé dans le contre-projet adopté aujourd’hui. Sachant que ces éléments seront versés à la discussion générale qui se tiendra le 15 mai prochain.»

C’est à cette date en effet qu’auront lieu les états généraux du tourisme. «Ils seront salutaires car il s’agit de définir une stratégie touristiqu­e, le public cible ainsi que l’avenir de cet événement estival», déclare Sami Kanaan, conseiller administra­tif chargé de la Culture et du sport. D’ores et déjà, plusieurs animations sont prévues pour l’été. «Parce que nous avons la conviction que le domaine public est un levier pour des concepts neufs. Les Fêtes de Genève ne sont pas l’unique manifestat­ion», complète Guillaume Barazzone, qui avait déjà, il y a deux ans, manifesté sa volonté de dépoussiér­er les Fêtes. Le Conseil administra­tif compte désormais les inscrire dans une animation estivale plus vaste. La Ville va donc mettre sur pied un espace d’animation et de culture, de fin juin à début septembre, sur la rive gauche de la Rade: espace détente, programmat­ion musicale, bars, vente de produits locaux. Des «musiques en été» auront lieu. Le Conseil administra­tif est aussi ouvert à la demande des forains de s’installer sur la rive droite de la Rade.

Le PS salue «le refus d’une initiative trop radicale». Pour l’UDC, ce résultat est «la solution la plus équitable possible». Si Ensemble à gauche était le seul à avoir soutenu l’initiative, le PLR recommanda­it le double non. Sophie Courvoisie­r, conseillèr­e municipale PLR, regrette «qu’à un moment où tout est en discussion, un cadre contraigna­nt soit sorti des urnes». Les états généraux du tourisme devront faire avec.

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