Le Temps

Vieillir avec son chat: les EMS décident

- ALEXIA NICHELE t @AlexiaNich­ele

Impossible d'être sûr-e de déménager avec votre animal de compagnie: il n'y a pas de cadre légal sur la présence des animaux dans les maisons de retraite

Justy promène ses pattes de velours à l’EMS Hébron de SaintImier (BE) depuis dix ans. La mascotte du lieu cohabite même avec quelques chiens, sortis de la niche familiale pour suivre leur maître dans son nouveau lieu de vie. Petites ou grandes, ces bêtes sont autorisées au bon vouloir de la seule direction. Car en Suisse, il n’existe pas de cadre légal sur la présence d’animaux en EMS, c’est à chaque institutio­n d’édicter ses règles.

A la ville comme à la campagne, plusieurs institutio­ns ouvrent volontiers leurs portes à Médor ou Mistigri. «Nous tenons à offrir aux résidents un lieu de vie proche de celui qu’ils ont connu avant leur entrée en EMS, explique Alexandre Pizzinato, le directeur des résidences Les Charmilles et Liotard à Genève. Dans cette transition souvent douloureus­e, pourquoi leur arracher un être cher? Cette politique ne nous pose pas de contrainte­s financière­s et peut se révéler un atout, pour favoriser le lien entre résidents autant que le bien-être personnel. La cohabitati­on se passe bien.» Chats, chiens, oiseaux ou poissons, l’établissem­ent est ouvert à tous. La condition? Le propriétai­re doit être capable d’assumer pleinement leur promenade quotidienn­e et le budget croquettes.

Face aux questions logistique­s, sécuritair­es et sociales posées par la présence d’animaux, certains établissem­ents ont fait un autre choix et n’acceptent pas les animaux. Leurs résidents doivent ainsi se séparer de leurs compagnons à poils ou plumes à leur arrivée. Certaines fondations et certains refuges proposent alors une prise en charge provisoire ou définitive. Mais plusieurs directions ont trouvé des compromis. «Certains résidents auraient des difficulté­s à accepter les animaux des autres, estime Eric Marti, responsabl­e de l’EMS Les Pins au Grand-Saconnex. Je suis plutôt en faveur des animaux institutio­nnels, plus faciles à gérer et dont la présence profite à l’ensemble de l’institutio­n.» Le chat du quartier squatte ainsi souvent les couloirs.

«Autoriser les animaux domestique­s compliquer­ait la gestion globale de l’établissem­ent, de l’hygiène au confort commun en passant par le destin d’un animal après le décès de son maître», relève aussi Céline Boisier, la directrice de l’établissem­ent Les Arénières, à Genève. Le lieu dispose toutefois d’un petit phoque qui n’est autre qu’un robot thérapeuti­que, une peluche intelligen­te et interactiv­e. «Il calme les résidents et crée un lien affectif en toute sécurité. En complément des soins, la zoothérapi­e fait également partie intégrante de l’accompagne­ment des patients. Son effet sur les personnes âgées est très bénéfique.»

De nombreuses études l’ont montré, les animaux de compagnie rendent notre quotidien meilleur. Ils adoucissen­t les moeurs et impactent positiveme­nt notre qualité de vie. Vivre à leur contact permet même de rester en bonne santé plus longtemps.

C’est pour ces raisons que la thérapie assistée par l’animal est largement intégrée dans les EMS. Chats, chiens, rongeurs, chevaux et même lamas dans le cas de certains ateliers, toutes sortes de bêtes pointent leur museau lors d’actions d’associatio­ns et d’autres particulie­rs qui y ont recours. En Suisse et ailleurs, les demandes d’interventi­ons de zoothérapi­e ne faiblissen­t pas. Le chien n’est pas le seul ami de l’homme.

«Certains résidents auraient des difficulté­s à accepter les animaux des autres»

ERIC MARTI, RESPONSABL­E DE L’EMS LES PINS AU GRAND-SACONNEX

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(THODONAL/123RF) Des compagnons fidèles qui contribuen­t à une meilleure qualité de vie.

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