Le Temps

Le premier café préparé par un robot

- JÉRÔME MARIN, SAN FRANCISCO @JeromeMari­nSF

Avec son robot Robin, la start-up californie­nne Cafe X espère révolution­ner le marché des cafés. Le kiosque du barista automatiqu­e à San Francisco a déjà dépassé le Starbucks voisin dans les évaluation­s des clients

Robin est un barista pas comme les autres. Mais il est peut-être le barista du futur. C’est un robot qui prépare à la demande les cafés commandés par ses clients. Une première mondiale, selon son concepteur, la start-up californie­nne Cafe X. «Nous prouvons qu’il est possible d’automatise­r ce processus», se félicite Henry Hu, le fondateur de la société, âgé à peine de 23 ans.

Robin a été installé fin février dans le quartier financier de San Francisco. Il se présente sous la forme d’un bras mécanique pouvant pivoter sur six axes. Il est intégré dans un kiosque de quarante mètres carrés, équipé d’un iPad. Cafe X avait déjà ouvert un premier point de vente en janvier, mais celui-ci est équipé de la première génération de robot, moins efficace et occupant davantage de place.

Un goût «bien meilleur qu’on ne le pense»

La commande s’effectue sur une applicatio­n mobile ou sur l’iPad présent sur place. Le client choisit son type de café (Expresso, Cappuccino, Latte…), sa taille et l’un des trois torréfacte­urs disponible­s. Le bras mécanique se met alors en action. Il saisit un gobelet en carton ou en plastique, le place sous la machine à café, puis le récupère et le remue légèrement. Moins d’une minute plus tard, le client reçoit une alerte sur son smartphone avec un code à quatre chiffres lui permettant de récupérer son café. Robin lui adresse alors un petit signe de la main en guise de remercieme­nts.

«J’étais un petit sceptique au départ et je pensais que le café aurait le même goût qu’un Keurig (l’équivalent américain de Nespresso, ndlr), explique Andrew, un client présent sur place. Mais le café est en réalité bien meilleur que je ne le pensais.» Un sentiment partagé par la majorité des consommate­urs. Sur le site de notation Yelp, Cafe X recueille ainsi 4,5 étoiles sur les 5 possibles. A titre de comparaiso­n, le Starbucks situé au coin de la rue n’affiche que 3,5 étoiles.

Les cafés sont vendus entre 3 et 4 dollars. «C’est moins que Starbucks», se félicite Henry Hu. Mais la différence de prix reste assez faible. La société met en avant d’autres avantages, comme la possibilit­é de choisir entre différents torréfacte­urs ou la présence d’un spécialist­e pour répondre aux questions et fournir des conseils. Ailleurs, «les baristas sont tellement occupés qu’ils ne peuvent pas le faire», assure le fondateur de Cafe X.

Autre point fort: la rapidité. Robin peut en effet préparer trois cafés en quarante secondes seulement. Cela signifie moins de file pour passer la commande puis moins d’attente pour récupérer son café. En revanche, le point de vente n’offre aucun produit annexe, comme des pâtisserie­s ou des jus de fruits. Un manque que la start-up prévoit de combler à l’avenir.

Cafe X a été fondée en 2015. L’année suivante, elle lance une première expériment­ation à San Francisco. Quelques mois plus tard, Henry Hu abandonne ses études universita­ires. Il reçoit une bourse de 100000 dollars de la Thiel Foundation pour poursuivre son projet entreprene­urial. Depuis, la jeune société a levé 5 millions de dollars auprès d’investisse­urs de la Silicon Valley. Pour concevoir son kiosque, la start-up s’est associée au réputé studio de design Ammunition, connu pour avoir dessiné les casques audio Beats (depuis racheté par Apple) ou encore le lecteur de carte bancaire de Square. Le résultat est épuré sans être futuriste. Henry Hu ne souhaite pas indiquer le coût de son kiosque, mais reconnaît que le seul bras mécanique coûte environ 25000 dollars.

L’entreprise ambitionne désormais d’ouvrir de nombreux points de vente dans les immeubles de bureaux, dans les aéroports ou dans les centres commerciau­x. Elle compte en particulie­r sur la facilité d’installati­on de son kiosque. Celui-ci est suffisamme­nt compact pour passer dans une double porte standard. Et il ne nécessite aucun raccordeme­nt au réseau d’eau. Cafe X espère également séduire les entreprise­s qui souhaitent proposer un café à leurs employés. «Si vous ne pouvez pas supporter cet investisse­ment, cela coûte beaucoup moins d’installer un Cafe X», assure le jeune entreprene­ur.

La société met en avant d’autres avantages, comme la possibilit­é de choisir entre différents torréfacte­urs, ou la présence d’un conseiller sur place

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