Les femmes et le féminisme à l’heure de #MeToo
Trois femmes romandes racontent leur parcours militant et partagent leurs points de vue sur la vague #MeToo. Et un journaliste dohommes un mode d’emploi du féminisme
Depuis l’affaire Weinstein, le féminisme est à la mode. Mais qu’en pensent les militantes et que vivent les femmes dans le monde économique et politique?
«Maintenant que les lois sont acquises, on se bat pour les faire appliquer. C’est une mobilisation plus diffuse et plus compliquée à mener», dit Simone Chapuis-Bischof, qui milite depuis les années 60. Les luttes féministes ont aujourd’hui des voies multiples, comme en témoignent aussi deux militantes plus jeunes.
Pour obtenir une vraie loi sur l’égalité salariale, il va falloir se montrer créatif, faire pression et réinventer des mobilisations, préviennent à Berne les acteurs politiques. Dans le monde du travail, le plafond de verre est toujours aussi résistant. Une étude a passé au crible les 629000 sociétés de Suisse. Où l’on constate que seul un décideur sur quatre est une femme. Une proportion qui a peu augmenté en dix ans. En revanche, les femmes sont de plus en plus nombreuses à créer leur entreprise.
L’an dernier, en prévision de la Journée internationale des droits des femmes, Le Temps a confié à «une cinquantaine de femmes remarquables» la rédaction de l’édition du 6 mars. Une opération roborative qui a montré le talent et la diversité de ces interlocutrices. Mars 2017, souvenez-vous, c’était le moment de la déprime et du backlash, ce retour en arrière en matière d’égalité entre les hommes et les femmes constaté tout au long de l’année 2016, avec, notamment, l’élection de Donald Trump, misogyne décomplexé, les propos de l’UDC sur le viol et les sinistres manifestations autour du mariage pour tous…
Mars 2018 chante une autre chanson. A cause de l’affaire Harvey Weinstein et de la déferlante de témoignages de harcèlement qui ont suivi sous les hashtags #MeToo et #Balancetonporc, jamais, depuis longtemps, le féminisme n’a été aussi populaire. Mais de quel féminisme parle-t-on? Car les démarches diffèrent selon l’âge et les priorités de ses représentant(e)s. D’où l’idée d’interviewer trois militantes aux horizons différents. Simone Chapuis-Bischof, la doyenne, s’est battue depuis les années 60 pour changer les lois. Caroline Dayer, universitaire, observe comment le sexisme érigé en système crée de la violence. Et Eléonore Varone, historienne de l’art, utilise la création collective pour lutter contre les discriminations.
Mais ce n’est pas tout. Le journaliste Jérémy Patinier adresse aux hommes un guide du féminisme passionnant, ludique, aussi documenté qu’impertinent, de quoi leur permettre d’entrer dans un rapport joyeux au féminin et de se débarrasser d’une virilité cliché qui est rarement leur meilleure amie.
Mars 2017, souvenez-vous, c’était le moment de la déprime et du «backlash»