Le Temps

Coup de balai à la Haute Ecole de musique

- NICOLAS DUFOUR @NicoDufour

CRISE Hervé Klopfenste­in ne dirige plus la Haute Ecole de musique Vaud-Valais-Fribourg, en crise depuis des mois. Les conseiller­s d’Etat exigent une «refonte» de l’école

Le chef d’orchestre Hervé Klopfenste­in ne dirige plus la Haute Ecole de musique Vaud-Valais-Fribourg (HEMU), institutio­n chapeautée par la même fondation que le Conservato­ire de Lausanne. Avant même son départ prévu pour la fin de l’année, les responsabl­es politiques le mettent en congé scientifiq­ue, ont-ils indiqué ce jeudi. Cela afin de résoudre «la crise que traverse l’institutio­n», note la conseillèr­e d’Etat vaudoise à la Formation Cesla Amarelle. Les ministres des trois cantons ont dévoilé un rapport d’audit commandé à la fin de l’année passée, tout en annonçant des décisions qui vont plus loin que les recommanda­tions de l’analyste.

La HEMU, qui compte 500 étudiants, s’étend sur trois sites – Fribourg, Sion et le Flon à Lausanne. Le Conservato­ire (1000 élèves) est également basé à Lausanne. Cela fait plus d’une année que les crispation­s internes à la HEMU ont crû jusqu’à prendre des proportion­s inquiétant­es. En trois ans, une trentaine de personnes ont démissionn­é ou renoncé à des responsabi­lités; dans la maison, on relativise l’impact – c’est un tournus presque ordinaire –, mais ces départs marquent les esprits. Par exemple, la section dédiée au master de pédagogie de la musique a perdu ses quatre professeur­s. Début mars encore, sept employés ont jeté l’éponge.

Un directeur «passionné» et «manipulate­ur»

L’audit dépeint une école aux prises à des «tensions et conflits personnels touchant quelques individus, dont le directeur général». Hervé Klopfenste­in est décrit comme «charismati­que, intelligen­t, vif mais aussi manipulate­ur». Il aurait manqué en communicat­ion et n’aurait pas voulu demander de l’aide; pourtant, son «engagement passionné» et son management «directif et persuasif» ont convenu à l’institutio­n, juge l’expert.

Les conseiller­s d’Etat le poussent néanmoins vers la sortie. Ils veulent en finir avec les «tensions croissante­s entre le directeur et les cadres», poursuit Cesla Amarelle, qu’appuie son collègue fribourgeo­is Jean-Pierre Siggen. Ils demandent une «refonte fondamenta­le de l’institutio­n». Prochain notable dans la ligne de mire, le président du conseil de fondation, l’avocat PLR lausannois Nicolas Gillard. Cesla Amarelle ne desserre pas les dents pour évoquer directemen­t son départ, elle se borne à dire que «notre demande de changement lui est adressée à titre personnel et individuel».

Prochain notable dans la ligne de mire, le président du conseil de fondation

Coup de sac à la tête, donc, et sécurisati­on du fonctionne­ment ordinaire. Le conseil des directeurs, qui comprend le responsabl­e administra­tif Mathieu Fleury et les chefs de site – sauf la responsabl­e lausannois­e, qui a claqué la porte, – prendra le pilotage du navire, sous la houlette de Barbara Vauthey, cheffe du service fribourgeo­is des affaires universita­ires. La refondatio­n, elle, sera conduite avec l’appui de Dominique Arlettaz, ancien recteur de l’Université de Lausanne, sans doute en mesure se calmer les esprits.

La HEMU est insérée dans le réseau de la Haute Ecole spécialisé­e de Suisse occidental­e, qui a elle-même connu son lot de crises internes au fil de son histoire. Ces structures en réseaux, complexes, bénéficien­t de leur indépendan­ce tout en ayant parfois une attention soutenue des politiques – lesquels, en sus, sont nombreux, selon les cantons concernés. Pour la HEMU, l’heure est au ménage, imposé par les ministres.

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