Le Temps

La BCE fait un pas vers l’abandon de son soutien à l’économie

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POLITIQUE MONÉTAIRE L’institutio­n monétaire européenne a renoncé jeudi à la possibilit­é d’augmenter le volume mensuel de ses rachats de dettes publiques et privées

La Banque centrale européenne (BCE) a renoncé jeudi à son engagement à augmenter si nécessaire le montant mensuel de ses rachats d’actifs, effectuant ainsi un petit pas vers l’arrêt de cette mesure non convention­nelle.

La BCE maintient qu’elle pourrait prolonger ces rachats au-delà de septembre 2018, date à laquelle ils sont pour l’instant censés prendre fin, mais elle a supprimé dans son communiqué la formule selon laquelle elle pourrait en augmenter le volume, actuelleme­nt de 30 milliards d’euros (environ 35 milliards de francs) par mois.

S’exprimant quelques heures avant une réunion consacrée à un projet de barrières douanières sur les importatio­ns d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis que doit tenir le président américain Donald Trump, le président de la BCE, Mario Draghi, a évoqué les inquiétude­s suscitées par des «décisions unilatéral­es» qui se traduisent par une accentuati­on des risques pour l’économie mondiale.

Avec l’accélérati­on de la croissance au sein de la zone euro, l’institutio­n de Francfort a très progressiv­ement réduit son soutien monétaire craignant qu’un retrait brutal ne remette en cause les acquis et ne la contraigne à faire machine arrière.

Mesure symbolique

L’abandon partiel de ce biais accommodan­t, une mesure essentiell­ement symbolique, peut être perçu comme un moyen de préparer le terrain à une révision plus vaste de la politique monétaire de la BCE au cours des prochains mois.

Mario Draghi a aussi souligné que l’inflation sous-jacente au sein de la zone euro demeurait faible. «Nous avons un mandat en termes de stabilité des prix. On ne peut pas encore crier victoire», a-t-il dit au cours de la traditionn­elle conférence qui suit l’annonce des décisions du Conseil des gouverneur­s.

Signe d’une révision de sa communicat­ion

L’abandon par la BCE de son biais accommodan­t est symbolique, peu voire aucun économiste ou intervenan­t de marché n’anticipant qu’elle augmente ses achats d’actifs. Il n’en est pas moins perçu comme le signe annonciate­ur d’une révision plus large de la communicat­ion sur sa politique monétaire, une inflexion déjà amorcée lors de précédente­s réunions.

«C’est, de notre point de vue, un premier pas important vers la sortie des politiques non convention­nelles et cela renforce la probabilit­é que les modalités de l’arrêt des achats d’actifs soient connues en septembre», a dit Kjersti Haugland, économiste chez DNB Bank.

L’euro, qui s’était brièvement raffermi contre la devise américaine après la publicatio­n du communiqué de la BCE, a cédé l’intégralit­é de ses gains au cours de la conférence de presse de Mario Draghi pour s’échanger sous 1,2350 dollar.

La BCE a maintenu le taux de refinancem­ent, principal instrument de sa politique monétaire, à zéro, le taux de la facilité de dépôt à –0,40% et le taux de prêt marginal à 0,25%.

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