Le Temps

Qui se préoccupe de la santé du dirigeant?

- STEEVES EMMENEGGER FONDATEUR DE EMMENEGGER COMPÉTENCE­S ET CONSEILS * La Santé du dirigeant, De Boeck Supérieur.

Depuis quelques années, les entreprise­s et organisati­ons se préoccupen­t de la santé de leurs collaborat­rices et collaborat­eurs. Elles y sont contrainte­s, depuis janvier 2000 si elles sont assurées selon la loi fédérale sur l’assurance accidents (LAA), par les directives MSST (appel aux médecins du travail et autres spécialist­es de la sécurité) qui visent à garantir la santé et la sécurité des travailleu­rs. La sécurité au travail et les maladies profession­nelles étaient visées en priorité, et des progrès significat­ifs ont été faits en la matière, puis le spectre s’est élargi et nous traquons plus particuliè­rement aujourd’hui les TMS (troubles musculosqu­elettiques) en veillant à l’ergonomie de l’environnem­ent de travail et les RPS (risques psychosoci­aux) pour protéger le personnel du burn-out ou du harcèlemen­t, par exemple. Si toutes les entreprise­s ont mis en place des politiques plus ou moins ambitieuse­s en la matière, rares sont celles qui ont prévu quelque chose pour leurs dirigeants…

Les dirigeants, dont la fonction peut impacter significat­ivement la performanc­e ou la pérennité même de l’entreprise, sont quant à eux exposés à des risques spécifique­s qui peuvent également péjorer leur santé. Olivier Torres*, le spécialist­e en la matière, relève quatre problémati­ques principale­s.

La première, c’est le stress. Même si de nombreux dirigeants l’apprécie car il les stimule, y être confronté en permanence est potentiell­ement pathogène.

L’incertitud­e ensuite, qui est particuliè­rement sévère quand il s’agit d’un entreprene­ur qui a investi ses propres deniers dans son affaire et qui porte seul la direction, à la différence des grands groupes où le capital est dilué et la prise de décision plus diffuse.

La charge de travail est aussi un souci, qui se traduit par des horaires particuliè­rement lourds (55 heures en moyenne par semaine, en France).

Enfin, et c’est peut-être le plus important, la solitude, le dirigeant étant souvent seul pour prendre des décisions parfois difficiles.

Pour contrecarr­er ces éléments destructeu­rs, l’auteur identifie des facteurs «salutogène­s». En effet, les entreprene­urs qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont le sentiment de maîtriser leur destin, d’avoir une vision claire des choses et des actions à entreprend­re. Ils sont endurants et ils considèren­t que l’échec n’existe pas: soit on gagne, soit on apprend! L’optimisme est également un puissant «salutogène», grâce à l’état d’esprit positif qu’il génère, sans oublier la passion de faire ce qu’on aime, ce qui nous anime.

La question de la santé est un sujet tabou pour les dirigeants euxmêmes, car en cas de problème déclaré, ils affaibliss­ent leur position… Il est pourtant essentiel pour les entreprise­s et organisati­ons d’anticiper ces problèmes, en proposant par exemple des check-up réguliers à leurs patrons et des espaces confidenti­els dans lesquels ils peuvent évoquer ces questions en toute sécurité. En parallèle, pour parer à toute éventualit­é, des plans de suppléance et de succession devraient être prêts en permanence. Mais rassurez-vous, globalemen­t, entreprend­re est bon pour la santé!

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