Le Temps

«L’Etat social doit se développer face au virage numérique»

- JESSICA JACCOUD CANDIDATE À LA PRÉSIDENCE DU PSV PROPOS RECUEILLIS PAR YELMARC ROULET @YelmarcR

La députée Jessica Jaccoud vise la présidence du Parti socialiste vaudois (PSV). Sa candidatur­e, avalisée jeudi soir par sa section de Nyon, est à ce jour la seule

Jessica Jaccoud brigue la présidence du (PSV). Lancée jeudi soir par sa section de Nyon, sa candidatur­e est à ce stade la seule en jeu. Agée de 34 ans, mère d’une fille de 16 ans, cette avocate siège au Grand Conseil depuis 2014 et occupe depuis deux ans la vice-présidence du parti. En cas de désignatio­n par le congrès, en avril, elle succédera à Stéphane Montangero.

Que voulez-vous faire de cette présidence?

Je souhaitera­is incarner un parti qui donne une voix à celles et ceux qu’on n’entend pas, des personnes âgées avec de petites retraites aux jeunes qui peinent à se former en passant par les familles qui bouclent difficilem­ent leurs fins de mois. Je souhaite que notre parti puisse encore se rapprocher des groupes de population qui nous étaient favorables et qui sont aujourd’hui désillusio­nnés visà-vis de la politique.

Peut-on faire autre chose à la tête du PSV que ce que veulent les fortes personnali­tés qui le représente­nt au Conseil d’Etat?

Nous sommes un parti d’idées, pas un parti de personnali­tés. Nos représenta­nts au Conseil d’Etat sont une chance. Ils nous permettent d’incarner une gauche qui gouverne, propose et réalise. En tant que parti issu d’une gauche majoritair­e, nous devons soutenir l’action de notre gouverneme­nt, mais nous avons aussi toute liberté pour faire vivre nos idées et nos combats. Notre parti s’est doté il y a un peu plus d’une année d’un programme de 105 mesures concrètes et nous avons bien l’intention de les porter sur la scène politique. Si le canton de Vaud a un système social aussi fort aujourd’hui, c’est parce que nous avons su faire des compromis afin d’obtenir des majorités

Ces derniers mois, l’extrême gauche met le PS à l’épreuve en jouant le premier rôle sur les frais dentaires ou l’affaire Broulis. Comment voyez-vous cette concurrenc­e?

Je ne partage pas votre analyse. Le PSV a été présent dès les premiers mois de la récolte de signatures pour l’initiative sur les soins dentaires et nous l’avons soutenue bec et ongles jusqu’au vote final. Nous avons également eu une position ferme dans l’affaire Broulis en demandant que le ministre joue la transparen­ce, dès les premières révélation­s. Je vous rejoins néanmoins sur le fait que nos styles sont différents. Les partis issus de la gauche radicale se positionne­nt en dehors des institutio­ns et optent souvent pour des communicat­ions coup-de-poing, manquant parfois de nuance. Nous revendiquo­ns une action politique plus institutio­nnelle qui vise avant tout la concrétisa­tion de résultats, par petits pas s’il le faut. Si le canton de Vaud a un système social aussi fort aujourd’hui, c’est parce que nous avons su faire des compromis afin d’obtenir des majorités.

L’initiative sur les frais dentaires a été perçue par la majorité des Vaudois comme le geste de trop après plusieurs renforceme­nts de l’Etat social. Celui-ci peut-il être encore développé?

Le résultat de l’initiative démontre qu’une part non négligeabl­e des Vaudois souhaite une meilleure prise en charge des soins dentaires. Le modèle actuel doit être réformé, même les opposants l’ont admis. L’Etat social a un rôle essentiel à jouer dans un monde en constante évolution. Il devra inévitable­ment être développé. Le «virage numérique» est un bon exemple. D’un côté, certains citoyens et entreprise­s retirent de ces modificati­ons sociétales et technologi­ques de grands avantages, notamment financiers. Mais de l’autre, de nombreuses activités destinées aux personnes faiblement à moyennemen­t qualifiées disparaiss­ent, étant exécutées par des machines. Face à ce constat, l’Etat doit protéger les plus faibles et renforcer le pacte social, notamment dans la formation continue des adultes et dans le retour à l’emploi des plus de 50 ans.

La division du Conseil d’Etat sur les frais dentaires ainsi que l’affaire Broulis secouent la politique vaudoise de compromis. Ce durcisseme­nt possible de la politique cantonale vous inquiète-t-il?

Oui, je suis inquiète, car cette politique de «compromis dynamiques», pourtant plébiscité­e par les Vaudois et Vaudoises lors des dernières élections, est mise à mal par une droite de plus en plus libérale et dogmatique. Notre canton est un modèle en matière économique et sociale. Ces acquis sont le résultat d’une action politique forte, dont le PSV a été un des grands artisans. Nous devrons être attentifs et combatifs afin d’éviter tout démantèlem­ent des acquis.

«Nous sommes un parti d’idées, pas de personnali­tés»

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