Le Temps

Nathalie Baye explore les profondeur­s de Paris

- NICOLAS DUFOUR @NicoDufour

«Nox», la nouvelle mini-série de Canal +, montre l’actrice en ancienne policière peu aimable, lancée à la recherche de sa fille disparue dans les égouts parisiens. Un thriller plus sombre que la moyenne française

L’affaire de la succession Hallyday a provoqué un méchant télescopag­e dans l’actualité à propos de Nathalie Baye. Après être restée discrète, la mère de Laura Smet est intervenue de manière ferme contre les propos tenus jusqu’ici par la dernière épouse du chanteur.

Et il se trouve que l’ensemble de la mini-série Nox, dévoilée lundi par Canal+, peut se résumer par le principe «tout pour ma fille». C’est bien la relation mère-fille qui anime ce thriller assez prenant, plutôt sombre pour une production française. Nox est la première création originale de l’année de la chaîne payante. Créée par Fred Cavayé, Quoc Dang Tran et Jérôme Fansten sur une idée du premier, elle s’étend sur dix épisodes, pour une histoire close.

Flic, de mère en fille

Catherine (Nathalie Baye) entretient une relation tendue avec sa fille Julie (Maïwenn). La mère est une commissair­e à la retraite, la seconde travaille aussi dans la police. Un point commun qui ne les rapproche pas vraiment. Catherine loge un temps chez Julie, mais elles finissent vite par s’enguirland­er. Par la suite, Catherine s’en voudra, comprenant qu’elle n’a pas voulu écouter ce que Julie aurait voulu lui confier.

Une opération conduit Julie et son coéquipier Raphaël (excellent Malik Zidi) à faire le guet dans les égouts, des braqueurs ayant l’habitude de les emprunter comme moyen de fuite. Dans un moment de tension extrême, Julie se lance dans les tunnels alors que Raphaël suit les ordres et reste sur place. Il n’y aura plus trace de Julie. Malgré l’opposition du commissair­e (incarné par Frédéric Pierrot, naguère le bouleversa­nt père paumé des Revenants), Catherine se met à la recherche de Julie, avec l’aide prudente de Raphaël.

Nox a ses originalit­és pour elle. Voici que, après les mythiques catacombes («Arrête! C’est ici l’empire de la mort»), le Paris souterrain s’étendrait sur trois niveaux, plus vaseux et dangereux à la fois. Il y aurait une organisati­on secrète de la surface jusqu’aux étages les plus obscurs de la Ville Lumière. Au fil de la recherche, les curieux verront Sergi Lopez en médecin sage et Noémie Lvovsky campant une hackeuse.

Energie généreuse

Et donc, Nathalie, Baye, aussi omniprésen­te, dynamique, qu’exaspérant­e. Ne soignant pas trop leurs dialogues, les auteurs font de Catherine un personnage pleinement désagréabl­e, et l’actrice assume le choix sans broncher – plutôt, justement, en bronchant tout le temps. Femme d’action et maman blindée mais repentante, les poupées russes s’emboîtent mal. Mais l’actrice surmonte le problème avec une généreuse énergie.

La comédienne de J’ai épousé une ombre, qui a tourné devant les caméras de Bertrand Blier ou de Jean-Luc Godard, se prête au suspense scabreux avec un mélange, peut-être bien personnel, d’excès dramatique et de modestie propre. Elle va se trouver transformé­e en cadavre temporaire, être torturée, avant d’évoluer vers un final surprenant par sa radicalité. Nathalie Baye se secoue et secoue, dans cette originale entreprise de série.

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