Le Temps

Le soutien de l’ultragauch­e genevoise

- R. W. FLORIAN DELAFOI @floriandel

Des militants suisses ont assisté début mars à un concert de soutien aux membres de la communauté libertaire française. Un inculpé a participé à l’organisati­on

«Tarnac? Ce n’est pas fini? Non, ce n’est pas fini.» Le message apparaît dans le programme de la salle de concert genevoise Cave12. Ce lieu alternatif, bien connu des noctambule­s, a organisé le 2 mars une soirée de soutien aux huit militants accusés d’avoir saboté une ligne de TGV en 2008. «Les inculpés ont une nouvelle fois besoin de votre soutien, et de votre appui financier. Il s’agit de se rendre hardiment à ce procès et d’en ressortir libre de toute charge, bienheureu­x que ce canular insensé soit enfin terminé», indique le texte de présentati­on de l’événement, alors que le procès du groupe de Tarnac s’est ouvert ce mardi à Paris.

«La soirée était organisée directemen­t par l’un des inculpés avec l’aide d’autres personnes», précise le cogérant de la salle Sixto Fernando, sans donner de noms. Il pourrait s’agir de Christophe Becker, né à Genève en 1976 et poursuivi dans le cadre du procès pour falsificat­ion ou recel de documents volés. Ce rendez-vous a également été relayé par la plateforme anarchiste Renversé (renverse.co). Selon un internaute, qui se cache sous le pseudonyme de Margarita, le site «collectif et participat­if» n’a pas de «position» sur Tarnac mais a bien voulu annoncer la date du concert.

Ce soir-là, des militants de l’ultragauch­e genevoise étaient présents dans la salle. Des personnes qui ont une proximité politique et intellectu­elle avec les membres de la communauté libertaire qui était installée en Corrèze. «A notre connaissan­ce, la soirée du 2 mars n’a causé aucun problème de sécurité publique», indique la police genevoise.

Une banderole aurait été déployée sur la scène de Cave12. Elle invitait le public à se rendre à une manifestat­ion en faveur d’une vie abordable à Genève, ce samedi 17 mars. «On soutient bien évidemment les personnes inculpées dans l’affaire de Tarnac, comme tous les acteurs qui défendent de nouvelles manières de vivre. Mais cette banderole rappelait aussi l’importance de soutenir des luttes locales», indique Léa, membre du comité Prenons la ville!, qui participe à la mobilisati­on de samedi.

A cette occasion, de nombreuses personnes devraient défiler dans la rue. Avec des étiquettes différente­s, et souvent floues. «Il est effectivem­ent difficile de récolter de l’informatio­n, mais c’est bien le rôle d’un service de renseignem­ent, ajoute la police genevoise. L’ouverture du procès de Tarnac est une informatio­n que nous prenons également en compte, quand bien même l’objet avoué de la manifestat­ion prévue n’est pas la tenue de ce procès.»

En 2015, des extrémiste­s anarchiste­s et anticapita­listes avaient commis de nombreuses déprédatio­ns à Genève lors d’une manifestat­ion sauvage. Une violence qui fait écho aux modes d’action défendus par le Comité invisible, lié au groupe de Tarnac, dans un essai intitulé L’Insurrecti­on qui vient.

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