Le Temps

Garcia Bernal s’engage pour le Mexique et l’ONU

Au FIFDH, le célèbre acteur plaide pour que les Nations unies se penchent sur les malheurs qui assombriss­ent son pays

- LUIS LEMA @luislema

Mondialeme­nt célèbre, Gael Garcia Bernal est encore trentenair­e. Mais l’acteur mexicain se souvient du temps pas si lointain où la simple évocation des Nations unies suscitait chez lui une sorte d’excitation, comme la promesse d’un monde meilleur. «Aujourd’hui, les enfants ne savent même plus ce qu’est l’ONU», déplore-t-il. Invité dans le cadre du Festival du film et forum internatio­nal sur les droits humains (FIFDH), Garcia Bernal est donc venu à Genève avec un double espoir: oeuvrer à arrêter les malheurs dont souffre le Mexique et, par la même occasion, contribuer à donner aux Nations unies une nouvelle légitimité.

Le Mexique? En proie à une violence qui se manifeste à tous les étages, dit celui qui, à l’écran, a notamment incarné le jeune Ernesto Che Guevara (Carnets de Voyage, de Walter Salles). La corruption, la criminalit­é, les horreurs commises par les cartels de la drogue… Et, surtout, l’impunité, cette plaie généralisé­e qui vise avant tout à ce que rien ne change. «Cette violence est de plus en plus acceptée, comme si elle était devenue normale, même aux plus hauts échelons de la classe politique», souligne-t-il. Au point que plus personne ne semble s’offusquer lorsque, aujourd’hui, le nombre de disparus au Mexique, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes, avoisine celui des pires heures de la dictature militaire argentine (entre 1976 et 1983).

Un cas emblématiq­ue

L’ONU, de son côté? Blessée à mort, notamment par les agissement­s des Etats-Unis, dont l’utilisatio­n qu’en fit George Bush pour envahir l’Irak. Or, note Gael Garcia Bernal, «Bush passe désormais pour un type bien, par rapport à ce que nous avons aujourd’hui.» L’acteur mexicain, qui est aussi réalisateu­r et producteur, se prend donc à rêver: «Le cas du Mexique est emblématiq­ue. Et si l’ONU s’en saisissait, cela permettrai­t d’élever le niveau de la discussion pour aborder des questions globales comme le trafic de drogue.»

Garcia Bernal sait toute l’ambiguïté qu’il y a à se servir de sa renommée pour défendre une cause. «Il faut faire la distinctio­n entre la responsabi­lité politique et le celebrity branding», explique l’acteur, qui a reçu notamment un Golden Globe en 2016. «Quoi que tu fasses dans la vie, tu engages ta responsabi­lité politique, mais il faut se méfier de cette industrie de la célébrité qui finit par enlever toute pertinence à la cause qui est prétendume­nt défendue.» Pour Gael Garcia Bernal, pourtant, le choix est vite fait: «Quelle autre option me reste-t-il? Rester silencieux?»

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KEYSTONE) (SALVATORE DI NOLFI/

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