L’Hôpital neuchâtelois en mode austérité
Afin de réduire son déficit, la direction annonce d’importantes mesures d’économies. Le centre de soins palliatifs va quitter La Chaux-de-Fonds. Plus d’une centaine d’emplois seront supprimés sur trois ans
Comme beaucoup de cantons romands, Neuchâtel a mal à son hôpital. Plombé par le nouveau financement hospitalier introduit en 2012, fragilisé par la révision de la tarification Tarmed qui lui fera perdre 6 millions de francs, l’Hôpital neuchâtelois (HNE) doit se restructurer.
Après un premier volet de 2,2 millions présenté en décembre dernier, sa direction générale a annoncé mardi une nouvelle série de mesures d’économies pour 3,6 millions sur l’exercice 2018, qui devrait ainsi pouvoir être «limité» à un déficit de 5,5 millions.
Au-delà des chiffres, la restructuration est lourde. Des lits seront supprimés: 6 au Locle, 6 à La Chaux-de-Fonds et 9 sur le site de Pourtalès, en ville de Neuchâtel. Le nombre de salles d’opération sera aussi revu à la baisse. La Chauxde-Fonds tournera avec 2 salles au lieu de 3, Neuchâtel 6 au lieu de 8. «Nous ne toucherons pas à l’activité, insiste Pauline de Vos Bolay, la présidente du conseil d’administration de l’HNE. Les mesures permettront de mieux utiliser les infrastructures et de tendre vers une efficience raisonnable.»
Services externalisés
D’autres mesures prévoient une diminution de postes aux admissions et dans les secrétariats. Les services de nettoyage et de conciergerie dans les zones administratives seront externalisés. Au total, cette cure d’austérité aboutira à la suppression de 114 équivalents plein-temps (EPT) sur trois ans. Entre 120 et 140 personnes seront concernées. L’hôpital table sur la rotation naturelle des employés, les départs à la retraite et la non-reconduction de contrats à durée déterminée pour réduire au maximum les licenciements.
Enfin, et c’est peut-être la décision la plus émotionnelle, la direction a annoncé le déménagement des activités de La Chrysalide, le centre de soins palliatifs basé à La Chaux-de-Fonds, vers un autre site de l’HNE encore à définir. Un transfert qui pourrait renforcer le clivage entre le Haut et le Bas du canton. Même si Pauline de Vos Bolay assure que ces réformes interviennent dans le seul souci de «saine gestion» et de pérennisation de l’institution, hors agenda politique, il est difficile d’oublier qu’elles interviennent dans un contexte délétère.
Mise en oeuvre problématique
Il y a d’abord l’ambiance de dépression collective induite par les déficits chroniques du budget du Canton, qui a poussé le weekend dernier plus de 1000 Neuchâtelois dans la rue, manifestant contre la politique d’austérité.
Il y a surtout les tensions suscitées par l’acceptation de l’initiative «Pour deux hôpitaux sûrs, autonomes et complémentaires» en février 2017, qui impose le maintien des soins aigus à La Chauxde-Fonds. La mise en oeuvre de la décision populaire s’annonce des plus compliquées et pourrait engendrer d’importants coûts. A tel point qu’au début du mois, le directeur des finances de l’HNE, Julien Heider, a préféré donner sa démission. Un départ qui a suscité l’ire des autorités des Montagnes neuchâteloises.
D’ici quelques jours, avant la fin du mois, le Conseil d’Etat va transmettre son rapport définitif sur la mise en oeuvre de l’initiative au Grand Conseil, qui en débattra ensuite en juin. Les prochains mois promettent d’être chauds sur le front hospitalier neuchâtelois.
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