Pollueur, pestiféré, paysan!
[…] Régulièrement, la pression diffusée par les médias sur les pratiques agricoles suisses (parmi les plus normées au monde) couvre d’opprobre le travail de la paysanne, du paysan. Pour la énième fois, le sujet des émissions gazeuses des vaches est remis au catalogue des pollutions environnementales notables et fait la une de votre quotidien (LT du 6 mars 2018). La conclusion de l’article est de réfléchir à la réduction du nombre de vaches. Aura-t-elle au moins le mérite de satisfaire le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann? Lui et le Conseil fédéral qui se battent pour signer des accords de libéralisation du commerce agroalimentaire avec le Mercosur ou la Malaisie. Concrètement, la réduction du cheptel ne fera pas diminuer la consommation de viande mais ouvre la porte à une augmentation des importations bon marché d’Amérique du Sud, notamment pour de la viande séchée des Grisons. Il y aura moins de vaches qui flatulent ici, mais là-bas? […] Quel silence autour de la position du Conseil fédéral qui juge «disproportionnée» une motion (M17.4094 Lisa Mazzone, Verts/ GE, 13.12.2017) pour interdire l’exportation de pesticides prohibés en Suisse, au motif d’une mesure qui entrave trop la liberté économique! Ces produits fabriqués par des firmes suisses sont exportés dans des pays, notamment producteurs d’huile de palme, de bananes ou de café, d’où nous réimportons des aliments (rassurez-vous, les résidus contenus sont conformes aux normes sanitaires…). A force d’interdire et de stigmatiser en Suisse ce que tant de voix occultent ailleurs, la chronique courageuse d’Yves Petignat «La fin des paysans» (LT 24.02.2018) prend corps: les agricultrices et les agriculteurs suisses mourront d’interdits, de contraintes et de normes mais heureusement dans un air pur!
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