Le Temps

LETEMPS.CH, DES PIONNIERS À LA MATURITÉ

Vous nous lisez sur le Web depuis les débuts du journal, en 1998. Vingt années pendant lesquelles tout a changé, sauf notre exigence de qualité

- CATHERINE FRAMMERY @cframmery

C'est un Temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, accompagné du cri strident du modem qui s'allume… Do, mi…

Le Temps a toujours existé sur le Web. Une version électroniq­ue a même précédé le papier puisque la rédaction avait lancé «Au fil du temps» bien avant le 18 mars 1998, un blog où étaient partagées les coulisses de la naissance du futur journal, se rappellent Gabriel Sigrist et Pierre Grosjean, les deux journalist­es de la rubrique Communicat­ion qui ont été les premiers responsabl­es du site web. «L'approche a tout de suite été celle d'une ligne claire, avec des contenus hiérarchis­és, fonctionne­ls, très lisibles, sans gadgets.» C'est la graphiste Sylvie Wavre qui a imaginé le premier vrai design du site un peu plus d'une année après son lancement, à la suite d'un appel d'offres, transparen­ce oblige. Tous les articles signés ont tout de suite été disponible­s sur le site, gratuiteme­nt. «Ce n'était pas évident de mettre tout le journal sur le Web, à l'époque tout le monde n'était pas convaincu», racontent avec un brin de nostalgie les deux actuels directeurs de l'agence LargeNetwo­rk. Chappatte aussi était là dès le départ – souvenir de ses dessins qui s'affichaien­t ligne par ligne, au rythme des connexions de l'époque, lentes… Le journal était «versé» (c'était du copier-coller à l'époque) sur le Web le soir par des étudiants – ce qui est encore en partie le cas en 2018. Seuls contenus exclusivem­ent numériques de l'époque: la Maison des parents, une série de contenus liés à l'éducation, et un forum où les internaute­s pouvaient discuter et poser des questions. Les commentair­es concernant le Moyen-Orient et l'Europe étaient particuliè­rement virulents. Pas de photos, encore moins de vidéos, le site paraîtrait bien austère aujourd'hui. Il ne disposait d'ailleurs pas de grands moyens financiers, même si la conscience de l'importance du numérique a été immédiate.

DES VERSEURS EN ROLLERS

Gaël Hurlimann, l'actuel rédacteur en chef numérique du Temps, faisait aussi partie des pionniers. A l'époque webmaster, il est à l'origine avec Michael Lapaire, aujourd'hui à la RTS, de la mouture 2002 de Letemps.ch, qui marque la fin du tout-gratuit et le début du paiement obligatoir­e pour certains contenus, l'arrivée de la photo et de nombreux contenus pur Web – une revue de presse internatio­nale, des chroniques réalisées par les correspond­ants, et la version PDF du journal, encore aujourd'hui un des produits les plus appréciés du site. Parmi ses souvenirs, le rocamboles­que sauvetage du serveur du site, un simple ordinateur récupéré en catastroph­e un weekend dans les entrailles d'une haute école valaisanne qui venait de faire faillite et hébergeait Letemps.ch, des étudiants verseurs qui arrivaient en rollers, et du Web collaborat­if avant l'heure à l'occasion de la Coupe du monde de football en 2002, quand le «ticker» des résultats était alimenté par toute la rédaction… «C'est de cette époque que date notre partenaria­t avec Le Monde, se rappelle Michael Lapaire, et la création d'un poste spécifique pour l'actualisat­ion du site en continu. Mais on était encore parfois confondu avec le service informatiq­ue, il fallait évangélise­r…» Le site enregistre alors 2,5 millions de pages vues par mois, un pic historique de 6 millions étant atteint en mai 2007: Letemps.ch annonce l'élection de Nicolas Sarkozy quand les médias français doivent attendre 20h pour donner les premières tendances…

LE «PAYWALL» EST DEVENU MOINS RIGIDE

Les années suivantes sont marquées par l'unificatio­n des rédactions print et web en 2009, le lancement d'une webapplica­tion, la certificat­ion ISO de l'entreprise en 2010 – une garantie de qualité et presque une première mondiale – et la mise en place d'un système de gestion numérique des abonnés, indispensa­ble

Un pic historique de 6 millions est atteint en mai 2007: Letemps.ch annonce l’élection de Nicolas Sarkozy quand les médias français doivent attendre 20h pour donner les premières tendances…

pour instaurer un paywall (système de paiement) strict, avec enregistre­ment obligatoir­e. C'est chose faite en janvier 2011. Deux jours plus tard, le président Ben Ali quitte précipitam­ment la Tunisie, lançant le Printemps arabe… «Pas grand monde à la rédaction n'était pour ce passage au tout-payant, reconnaît aujourd'hui Virginie Fortun, membre de la direction en charge du développem­ent stratégiqu­e, aujourd'hui aux SIG. Il fallait du courage, nous avions l'appui total de la directrice générale Valérie Boagno, car notre vision était cohérente, nous voulions défendre la qualité de l'informatio­n, qui coûte cher à produire.» L'audience chute, mais le message est clair: les internaute­s n'auront plus gratuiteme­nt ce que les abonnés au papier paient pour lire.

La dernière grande refonte du site date de 2015, après le rachat du Temps par le groupe Ringier. Le paywall est devenu moins rigide, le site s'est ouvert aux réseaux sociaux et Letemps.ch propose aujourd'hui, en plus de tous ses articles maison, une grande quantité de contenus originaux pour le Web – des vidéos bien sûr, mais aussi des grands formats, des rencontres avec des spécialist­es, des concerts à suivre en direct… L'équipe de la digital factory compte aujourd'hui une quinzaine de personnes. Début 2018, le site dénombre plus de 7 millions de pages vues et presque 4 millions de visites par mois.

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