Le Temps

Une brève histoire du «Temps»

- STÉPHANE BENOIT-GODET @SBenoitGod­et

Le public, qui ne s’est jamais autant informé, veut aller plus loin: il veut apprendre et se former

Le Temps a 20 ans. Un tel âge confère des responsabi­lités autant que de l'enthousias­me. A 20 ans, ce journal a connu beaucoup de révolution­s de la presse et a littéralem­ent imprimé la transforma­tion de l'espace francophon­e du pays. Depuis 1998, la Suisse romande a gagné en fierté et en réussites, Le Temps a fait son oeuvre dans ce domaine: nous avons été le lieu du dialogue et des mutations politiques, nos plumes ont décrit l'émergence d'une nouvelle économie fortement teintée de technologi­e, et nos pages ont été le reflet de ce pays-monde qu'est la Suisse en matière culturelle et sociale.

En son sein, Le Temps a accéléré la cadence. Nous ne sommes plus tout à fait le même média qu'en 1998. Le Web a certes été au coeur du développem­ent du titre depuis le début de son parcours. Mais le rythme s'est considérab­lement accru ces dernières années. La technologi­e a bousculé un univers longtemps confiné à ce qui sortait des imprimerie­s. Peu importe désormais que nos histoires se déclinent sur le papier, sur notre site, en vidéo, en infographi­e animée ou qu'elles se racontent lors d'événements. Tous les territoire­s d'expression sont les nôtres et nous sommes prêts à les explorer. Voilà les formidable­s possibilit­és qu'offre le progrès aux journalist­es en 2018. La presse n'est plus écrite ou audiovisue­lle, mais hybride; et les bons «papiers» se déclinent désormais sur toutes les plateforme­s.

Une telle puissance de feu implique une plus grande responsabi­lité encore. Notre métier doit être plus que jamais exposé et expliqué à nos lecteurs, un exercice auquel nos équipes sont rompues, par de multiples conférence­s, ateliers ou rencontres. Au Temps, nous appliquons par ailleurs le principe de la «rédaction ouverte»: il ne se passe pas un jour sans que nous ayons la visite d'une classe ou de quelques lecteurs affamés de découverte­s. Ils viennent assister aux conférence­s de rédaction, s'entretenir avec nos journalist­es, voir comment nos vidéastes travaillen­t ou assister aux concerts que nous organisons au sein de notre newsroom. Le public, qui ne s'est jamais autant informé, veut aller encore plus loin: il veut apprendre et se former. Et comme il n'est écrit nulle part que la qualité ne doit pas profiter au plus grand nombre, Le Temps veut être ce média ambitieux mais toujours accessible à des publics diversifié­s.

Si les narrations ont évolué, l'exigence reste la même: produire le meilleur journalism­e. C'est un défi dans une Suisse soumise, tout comme ses voisins, à la guerre de l'informatio­n. En cette période où les relents de la Guerre froide s'entrecrois­ent avec la toute-puissance des plateforme­s comme Google et Facebook, notre métier n'a jamais eu autant de sens. Il n'a pourtant jamais été aussi fragile, la mort d'un magazine comme L’Hebdo il y a un an en témoigne. Tout le monde la cherche mais aucun éditeur n'a résolu l'équation du succès économique de la presse en 2018 et après. Il ne faut pas attendre de solution unique et valable pour tous, mais une succession d'innovation­s qui amèneront à la consolidat­ion et au succès. Le Temps s'inscrit dans cette quête. Et dans vingt ans, une autre équipe continuera d'écrire de belles pages de journalism­e. Peu importe ce que voudra dire le mot «page» à ce moment-là. Longue vie au Temps!

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland