A Lugano, un regard différent sur Picasso
Le Musée d’art de la Suisse italienne présente 240 oeuvres du maître espagnol, dont certaines exposées pour la première fois
Un autre point de vue sur les oeuvres de Pablo Picasso: le Musée d’art de la Suisse italienne (MASI) rend hommage au grand maître espagnol avec une exposition en partie inédite, ouverte depuis dimanche dernier dans la cité tessinoise. Réalisé en collaboration avec le Musée national Picasso de Paris, sous la direction de Carmen Giménez, l’une des plus grandes expertes de l’artiste, l’accrochage Picasso, un regard différent montre de façon inédite l’évolution du langage de l’artiste, à travers la relation entre dessin et sculpture.
Les grandes salles du musée, qui offre une vue plongeante sur le lac, forment un scénario idéal pour les 120 objets, 105 dessins et 15 sculptures, réalisés entre 1905 et 1967 et qui comprennent une sélection d’oeuvres personnelles, dont certaines sont exposées pour la première fois. Toutes les pièces ont été prêtées au MASI par le Musée Picasso, souligne Tobia Bezzola, directeur du musée tessinois.
Du cubisme au pluralisme
L’exposition s’étend sur un vaste arc chronologique qui vise à mettre en lumière le rôle de Picasso dans le développement de l’art du XXe siècle. Elle s’ouvre par une série dédiée au cubisme analytique pour passer au cubisme dit synthétique puis au pluralisme simultané, caractérisé par une grande variété de styles. A côté de quelques-uns des chefs-d’oeuvre les plus célèbres de l’artiste, cette présentation illustre son immense production sur papier, dont Minotaure blessé, cheval et personnages (1936), prélude à Guernica, ou encore Verre, bouteille de vin, paquet de tabac, journal (1914), un papier collé avec nature morte, ainsi qu’une série de portraits de deux des femmes de sa vie, Marie-Thérèse Walter et Françoise Gilot, dessinés au cours des années 30-40.
Parmi les sculptures, citons Tête de femme, Fernande (1909), Violon (1915), Tête de mort (1943), qui résume la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, et enfin le bronze La Chèvre (1950). Pour Carmen Giménez, cette Chèvre incarne «la vitalité et l’esprit de renouveau de l’après-guerre». La curatrice n’a pas manqué de souligner l’excellente collaboration avec le MASI dans la préparation de cette exposition «unique», mise sur pied en six mois seulement. Quant à Laurent Le Bon, président de l’institution parisienne, il qualifie ce partenariat de réussite: «La beauté et l’harmonie de Lugano sont un cadre parfait pour l’oeuvre de Picasso.»
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