Le Temps

Donald Trump vendeur d’armes

- SIMON PETITE @SimonPetit­e

Donald Trump s’est mis en scène mardi pour se féliciter des ventes d’armes américaine­s à l’Arabie saoudite, en guerre contre son voisin yéménite. Une confirmati­on que, pour le locataire de la Maison-Blanche, c’est l’Amérique d’abord et au diable les conséquenc­es

Les pays occidentau­x, Suisse y compris, vendent volontiers des armes aux richissime­s pays du Golfe. Mais ils ne s’en vantent normalemen­t pas. La normalité semble cependant avoir déserté les couloirs de la Maison-Blanche. Mardi, le président américain y recevait Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite.

L’équipe présidenti­elle avait concocté une petite mise en scène pour louer les talents du vendeur en chef du «made in America». Devant les photograph­es, Donald Trump a brandi un panneau avec une panoplie d’armements dernier cri acquis par le nouvel homme fort de Riyad. Montant affiché de ces emplettes: 12,5 milliards de dollars.

Comme si l’image ne suffisait pas, Donald Trump a insisté sur l’impact de ces contrats pour l’économie américaine: «L’Arabie saoudite est un pays très riche, et vous allez, je l’espère, donner une part de cette richesse aux Etats-Unis sous la forme d’emplois et d’achats du meilleur matériel militaire qui soit au monde.» Conclusion: «La relation n’a probableme­nt jamais été aussi bonne. Nous nous comprenons l’un l’autre», a lancé le président à l’adresse de son hôte, de presque 40 ans son cadet. Les sujets qui fâchent ont été soigneusem­ent évacués. Juste quelques mots sur le financemen­t du terrorisme, qui, selon Donald Trump, n’est plus toléré mais appartient au passé.

Ce n’est pas la première fois que les dirigeants américain et saoudien offrent un tel cliché, destiné à montrer leur indéfectib­le amitié, mais qui donne des arguments à leurs ennemis. Lors de sa somptueuse visite en Arabie saoudite en mai dernier, Donald Trump, le roi d’Arabie et le président égyptien avaient uni leurs mains sur un globe terrestre illuminé.

Coopératio­n militaire prolongée

Lui rendant la politesse, les EtatsUnis déroulent eux aussi le tapis rouge au futur roi saoudien, qui restera trois semaines outre-Atlantique. Comble de l’hospitalit­é, la classe politique américaine vient de prolonger la coopératio­n militaire avec la coalition arabe qui bombarde le Yémen, au prix de milliers de morts civils. Une résolution visant à mettre fin à cet appui a été rejetée par une courte majorité mardi au Congrès. Dans cette guerre oubliée, l’Arabie saoudite combat les rebelles houthis, soutenus par l’Iran.

Le dimanche 25 mars marquera le troisième anniversai­re de l’interventi­on saoudienne chez son voisin, pour un résultat désastreux. Soutenu à bout de bras, le gouverneme­nt yéménite ne contrôle toujours qu’une portion du territoire. Et le pays, soumis au blocus des Saoudiens et de leurs alliés pour asphyxier les rebelles, est au bord de la famine. Voilà pour les Yéménites la significat­ion du slogan «l’Amérique d’abord» de Donald Trump.

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(MANDEL NGAN/AFP PHOTO) Donald Trump en compagnie de Mohammed ben Salmane: «Nous nous comprenons l’un l’autre.»

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