Donald Trump vendeur d’armes
Donald Trump s’est mis en scène mardi pour se féliciter des ventes d’armes américaines à l’Arabie saoudite, en guerre contre son voisin yéménite. Une confirmation que, pour le locataire de la Maison-Blanche, c’est l’Amérique d’abord et au diable les conséquences
Les pays occidentaux, Suisse y compris, vendent volontiers des armes aux richissimes pays du Golfe. Mais ils ne s’en vantent normalement pas. La normalité semble cependant avoir déserté les couloirs de la Maison-Blanche. Mardi, le président américain y recevait Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite.
L’équipe présidentielle avait concocté une petite mise en scène pour louer les talents du vendeur en chef du «made in America». Devant les photographes, Donald Trump a brandi un panneau avec une panoplie d’armements dernier cri acquis par le nouvel homme fort de Riyad. Montant affiché de ces emplettes: 12,5 milliards de dollars.
Comme si l’image ne suffisait pas, Donald Trump a insisté sur l’impact de ces contrats pour l’économie américaine: «L’Arabie saoudite est un pays très riche, et vous allez, je l’espère, donner une part de cette richesse aux Etats-Unis sous la forme d’emplois et d’achats du meilleur matériel militaire qui soit au monde.» Conclusion: «La relation n’a probablement jamais été aussi bonne. Nous nous comprenons l’un l’autre», a lancé le président à l’adresse de son hôte, de presque 40 ans son cadet. Les sujets qui fâchent ont été soigneusement évacués. Juste quelques mots sur le financement du terrorisme, qui, selon Donald Trump, n’est plus toléré mais appartient au passé.
Ce n’est pas la première fois que les dirigeants américain et saoudien offrent un tel cliché, destiné à montrer leur indéfectible amitié, mais qui donne des arguments à leurs ennemis. Lors de sa somptueuse visite en Arabie saoudite en mai dernier, Donald Trump, le roi d’Arabie et le président égyptien avaient uni leurs mains sur un globe terrestre illuminé.
Coopération militaire prolongée
Lui rendant la politesse, les EtatsUnis déroulent eux aussi le tapis rouge au futur roi saoudien, qui restera trois semaines outre-Atlantique. Comble de l’hospitalité, la classe politique américaine vient de prolonger la coopération militaire avec la coalition arabe qui bombarde le Yémen, au prix de milliers de morts civils. Une résolution visant à mettre fin à cet appui a été rejetée par une courte majorité mardi au Congrès. Dans cette guerre oubliée, l’Arabie saoudite combat les rebelles houthis, soutenus par l’Iran.
Le dimanche 25 mars marquera le troisième anniversaire de l’intervention saoudienne chez son voisin, pour un résultat désastreux. Soutenu à bout de bras, le gouvernement yéménite ne contrôle toujours qu’une portion du territoire. Et le pays, soumis au blocus des Saoudiens et de leurs alliés pour asphyxier les rebelles, est au bord de la famine. Voilà pour les Yéménites la signification du slogan «l’Amérique d’abord» de Donald Trump.
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