Le clan Blocher sort par la porte et rentre par la fenêtre
Samedi, à Klosters, l’UDC pose les premières bases de sa campagne en vue du renouvellement du parlement fédéral en automne 2019. C’est tôt. Mais ce n’est pas anodin, car les élections nationales de l’an prochain seront les premières de l’ère post-Blocher. Du moins sur le papier. Le père fondateur de l’UDC actuelle quitte ce samedi la direction du parti. Il ne sera plus responsable de la stratégie. Cette tâche incombera dorénavant au Bernois Adrian Amstutz. Le retrait de Christoph Blocher est un événement si important pour la vie de l’UDC que le parti a décidé de retransmettre son discours en direct sur Facebook.
Mais personne n’est dupe. Il continuera de peser sur la politique de l’UDC. Il se consacrera pleinement au combat de sa vie: barrer la route à un rapprochement avec l’UE. Et la famille Blocher ne disparaît pas du poste de pilotage de l’UDC, puisque sa fille Magdalena Martullo, qui utilise de moins en moins son double patronyme comme si elle cherchait à s’émanciper de son père, y fait son entrée en tant que vice-présidente. Est-elle en train, comme on le sous-entend à Berne, de préparer une candidature pour le Conseil fédéral? Interrogée à ce sujet par la TV alémanique, elle a répondu: «J’espère ne pas avoir à le faire.» Voilà qui fait écho à ce que disait son père avant 2003. On se souvient de la suite.
La répartition des rôles à la tête de l’UDC montre que le parti continuera de jouer le double jeu de la participation au gouvernement et de l’opposition. Il occupe certes deux sièges au Conseil fédéral et la droite UDC-PLR dispose théoriquement de la majorité absolue. Mais les équilibres internes sont parfois subtils au point qu’elle ne s’impose pas toujours, ce qui exaspère le président Albert Rösti. Exemple: cette majorité a laissé Alain Berset présenter une hausse de la TVA de 1,7 point pour financer l’AVS alors que ni l’UDC ni le PLR ne veulent en entendre parler. Cette situation accrédite l’hypothèse d’une candidature «dure» de Magdalena Martullo lorsque Ueli Maurer, dont on fait croire qu’il restera au Conseil fédéral au-delà de 70 ans, passera la main.
Les élections de l’an prochain seront les premières de l’ère post-Blocher. Du moins sur le papier