«Ebdo» disparaît, «Vraiment» est né
La presse française a perdu cette semaine son dernier-né. Un nouvel hebdomadaire tente simultanément une percée
«Nous sommes en plein jour. Nous respirons. Le cadavre du journal est à terre, mais sa folie est debout. Ses idées restent fortes.» C’est par ces phrases que la rédaction en chef du magazine Ebdo a définitivement bouclé, vendredi, la courte aventure du nouvel hebdomadaire lancé en janvier. Non distribué en Suisse, Ebdo misait sur le pari audacieux d’un journal papier sans publicité et dépourvu de version web, financé par ses lecteurs. Une stratégie largement inspirée du succès de la revue XXI lancée en 2008 par ses promoteurs, l’éditeur Laurent Beccaria (Editions Les Arènes) et le journaliste Patrick de Saint-Exupéry.
Trois mois auront suffi pour démontrer que l’objectif financier et commercial d’Ebdo ne pourrait pas être atteint. L’échec s’est accéléré après la publication controversée par ce nouveau titre, début février, d’un long article accusateur sur des actes de harcèlement sexuel dont se serait rendu coupable Nicolas Hulot, l’actuel ministre français de la Transition écologique. Loin de la cible éditoriale envisagée, celle des lecteurs de province demandeurs d’une information positive et apaisée, ce «scoop» avait fait grimper les ventes à près de 35000 exemplaires. Mais il avait ensuite engendré une forte désaffection des lecteurs et scindé la rédaction d’une trentaine de journalistes, suscitant une polémique au vu des faits cités, juridiquement prescrits.
Une cible différente
Preuve néanmoins que la presse française demeure bien vivante, un autre titre est apparu comme prévu dans les kiosques vendredi. Distribué en Suisse, l’hebdomadaire Vraiment(www.vrmt.fr) s’attaque, lui, à une cible radicalement différente: celle des lecteurs «vraiment curieux» désireux d’aller plus loin. Son goût pour les sujets modernes de société – sa première une est consacrée à la messagerie WhatsApp – vise plutôt les lecteurs urbains, amateurs de tendances nouvelles et pleinement intégrés dans l’époque numérique-écologique. Au coeur du projet éditorial: les «transformations» de la France chères à Emmanuel Macron, dont quelques anciens collaborateurs participent à ce journal «non partisan», qui revendique son indépendance face à l’actuelle équipe aux commandes de l’Hexagone.
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