Le Temps

«Demain Genève», le film qui refuse d’être un outil électoral

- Festival du film vert, AUDREY MAGAT

«Demain Genève» sortira début avril dans les salles genevoises. En cette période électorale, ce documentai­re à la recherche de solutions écologique­s et durables a suscité l’intérêt des partis politiques. Rencontre avec Gregory Chollet, coréalisat­eur du film

Inspirés par le film Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent, une équipe de jeunes vidéastes convaincus par le pouvoir de l’action citoyenne ont adapté le film à l’échelle genevoise. Le principe est le même que pour le documentai­re français. Sous la forme d’un road-movie de 90 minutes, Demain Genève invite le spectateur à suivre les quatre Genevois lors de leurs rencontres avec des individus qui mettent en oeuvre des solutions aux challenges environnem­entaux, économique­s et sociaux de notre époque. Le film est en première diffusion suisse au Festival du film vert, ce vendredi 23 mars à Meyrin. Il sera diffusé dans les cinémas indépendan­ts de Genève dès le 4 avril.

Le 15 mars et le 6 mai, les Genevois renouvelle­ront leur parlement et leur gouverneme­nt. En ces temps électoraux, le film engagé ne passe pas inaperçu.

Projection­s en entreprise

«Le fait d’avoir le film projeté en période de campagne politique est un hasard», assure Gregory Chollet. L’équipe du film a néanmoins été approchée par des partis politiques pour des projection­s privées. S’ils avaient prévu des tarifs pour les entreprise­s qui commandera­ient des projection­s, la question se complique pour le cas des partis, par crainte d’être instrument­alisés dans une campagne politique. Gregory Chollet semble cependant en faveur d’une diffusion large, l’objectif premier étant «qu’un maximum de personnes voient le film, quels que soient leurs avis politiques».

«Un projet comme le nôtre, basé sur la participat­ion et la coopératio­n, doit rester indépendan­t» GREGORY CHOLLET, CORÉALISAT­EUR DE «DEMAIN GENÈVE»

L’équipe du film s’est imposé des critères stricts pour rester apolitique. Ils refusent catégoriqu­ement d’être associés à un parti, même s’ils ne nient pas l’aspect militant du film: «On veut faire passer un message, encourager la prise d’action, sensibilis­er sur ce que les gens peuvent faire», commente Gregory Chollet. Pour lui, il est «important qu’un projet comme le nôtre, basé sur la participat­ion et la coopératio­n des personnes, reste indépendan­t». Ils ont notamment refusé des financemen­ts de fondations privées qu’ils trouvaient non éthiques, trop loin de leurs valeurs. L’équipe a également pris soin de ne pas mentionner le Grand Genève, «notion trop politique» selon Gregory Chollet.

Autre argument de poids pour le jeune entreprene­ur: ce ne sont pas, selon lui, les politiques qui encouragen­t réellement le changement. Ce sont les entreprise­s, qui peuvent être les moteurs d’un autre développem­ent, plus durable et plus responsabl­e. Néanmoins, Gregory Chollet insiste sur l’importance de la participat­ion, autant politique que sociale. Pour lui, «la démocratie directe suisse permet aux citoyens de s’exprimer», alors «il faut voter, participer. La participat­ion, c’est le dénominate­ur commun de toutes les initiative­s qu’on a pu voir», affirme-t-il.

Travail avec le DIP

Demain Genève travaille actuelleme­nt avec le Départemen­t de l’instructio­n publique (DIP) pour adapter le contenu du film aux plus jeunes génération­s et préparer des projection­s scolaires. Ce contact avec l’Etat était important pour l’équipe du documentai­re, qui souhaite proposer de nouveaux supports pédagogiqu­es et sensibilis­er les plus jeunes à l’écologie, au développem­ent durable.

L’équipe du film a été contactée pour réaliser un Demain Valais, mais les vidéastes genevois ont refusé, jugeant que leur aventure à eux s’arrêterait là.

du 1er mars au 15 avril dans toute la Suisse

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