Le Temps

Les marchés financiers sont apeurés à l’idée d’une guerre commercial­e

Après les Etats-Unis et l’Asie, les bourses européenne­s ont tangué vendredi dans la crainte que les taxes imposées par Washington et Pékin ne pénalisent la croissance mondiale

- LT AVEC AGENCES

Après avoir commencé la journée de vendredi en mode panique, les marchés européens peinent à retrouver leurs esprits et l’agenda des prochains jours, clairsemé à l’approche de Pâques, risque d’apporter peu de réconfort. La bourse de Londres (–0,44%) a limité la casse vendredi face aux tensions commercial­es entre les Etats-Unis et la Chine, tandis que les marchés parisien (–1,39%) et allemand (–1,77%) ont connu une nouvelle séance de recul.

Ce mouvement constitue la troisième étape d’une forte baisse des marchés commencée jeudi aux Etats-Unis (où Wall Street a perdu près de 3%) et qui a ensuite provoqué une chute des indices chinois, japonais ou sud-coréens comprise entre 3% et 5%. Les actions asiatiques ont ainsi effacé leurs gains depuis le début de l’année. Pékin serait intervenu vendredi pour soutenir son marché, selon l’agence Bloomberg. En Suisse, l’indice SMI des valeurs vedettes a reculé de 0,8% vendredi, tandis que les indices américains étaient en légère perte en fin de journée.

Les marchés tanguent depuis que Donald Trump a lancé jeudi une offensive commercial­e contre la Chine, évoquant des mesures punitives contre des importatio­ns chinoises d’un montant de 60 milliards de dollars. L’administra­tion américaine a désormais quinze jours pour publier une liste de produits qui seront frappés. La Chine a répliqué vendredi en dévoilant une liste de 128 produits, ou lignes tarifaires, sur lesquelles elle appliquera des droits de douane de 15% à 25% en cas d’échec des négociatio­ns. L’ambassadeu­r chinois aux Etats-Unis n’a pas exclu vendredi la possibilit­é que Pékin réduise ses achats de bons du Trésor américains, agitant une vieille épée de Damoclès dans le contexte de guerre commercial­e. Cette dernière perspectiv­e fait craindre un ralentisse­ment de la croissance mondiale.

Sentiment de peur

Concrétisa­nt une menace brandie jeudi par le président Donald Trump, le représenta­nt américain au Commerce a indiqué dans un communiqué avoir déposé une «demande de consultati­on» avec Pékin devant l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) à propos de «certaines mesures chinoises relatives à la protection des droits de propriété intellectu­elle». L’Union européenne a obtenu une exemption temporaire des taxes sur l’acier et l’aluminium, que le président du Conseil européen Donald Tusk aimerait voir transformé­e en exemption définitive, a-t-il annoncé vendredi matin.

Le ravivement des tensions entre les deux plus grandes économies du monde a favorisé l’or, considéré comme une valeur refuge, ont fait valoir les analystes de Commerzban­k. En revanche, le cuivre, l’aluminium, le nickel, le plomb, le zinc et l’étain se sont tous inscrits en baisse sur la semaine, au London Metal Exchange (LME).

La Banque J. Safra Sarasin voit des similitude­s entre la stratégie de l’administra­tion américaine actuelle et la politique de Ronald Reagan envers le Japon dans les années 1980. A l’époque, les pressions politiques sur la question des déficits commerciau­x «avaient provoqué des nuisances pendant plusieurs années». La banque demeure prudente sur les actions et estime que les bourses mexicaine, turque et argentine risquent d’être les plus pénalisées par la politique américaine. Et que le marché domestique chinois pourrait rester relativeme­nt isolé des turbulence­s.

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