Le sens du legs de Kamprad
La disparition de M. Ingvar Kamprad […] donne à réfléchir au sujet de son legs plus que généreux de 10 millions de francs en faveur de la construction d’appartements protégés dans la commune d’Epalinges, dans laquelle il a séjourné entre 1977 et 2014. En effet, M. Kamprad ne restera pas seulement un entrepreneur génial qui aura su allier l’efficacité économique et la fonctionnalité pratique […]. Ce qui m’interroge également, c’est l’interprétation à donner à sa donation. Celle-ci répond, de façon concrète, à un besoin en logements pour les personnes âgées ayant gardé une bonne part de leur autonomie. A y regarder de près, c’est donc bien un geste de nature politique en ce sens qu’il s’inscrit dans un souci du bien-être général et, partant, qui se veut d’utilité publique. La preuve en est que la construction des logements protégés a stimulé la réflexion auprès des autorités communales autour d’activités propices qui ont pour objectif de rendre les seniors proactifs en vue de maintenir et de préserver le lien social. […] Aussi, dans ce contexte, que l’on soit de gauche ou de droite, une prise de position sur notre rapport à l’argent s’impose. Le choix de M. Kamprad de redistribuer une partie de sa fortune donne à penser que l’argent, au lieu d’être un oppresseur, est plutôt un libérateur de possibles. Parmi ceux-ci se trouvent des projets à vocation sociale, respectueux entre autres de la cohésion intergénérationnelle. M. Kamprad a le grand mérite de démontrer que l’argent ne sert pas uniquement à satisfaire nos désirs, voire nos caprices égoïstes, mais à éveiller notre responsabilité et notre conscience sociale. […]
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