Le Temps

«Monnaie pleine» – déformer le projet pour le critiquer

- MARC LEBON, PULLY

M. Mirabeau attaque l’initiative populaire «Pour une monnaie à l’abri des crises» (LT du 19.03.2018). Il semble penser qu’en caricatura­nt l’initiative, sa critique sera plus efficace. Un exemple: «Les banques pourraient alors uniquement prêter des montants couverts par des dépôts d’épargne.» M. Mirabeau passe sous silence la possibilit­é pour les banques commercial­es d’emprunter de l’argent à la BNS. Les banques aujourd’hui créent l’argent des prêts qu’elles accordent sans rien devoir payer à qui que ce soit et encaissent la totalité des intérêts versés par leurs clients. Elles doivent uniquement avoir entre 5 et 10% de fonds propres en garantie. M. Mirabeau décrit ce processus précisémen­t. Il oublie pourtant de mentionner les intérêts que cela rapporte! Dans le cadre de la «monnaie pleine», les banques devraient payer un intérêt à la BNS pour l’argent emprunté, avant de le prêter plus loin à leurs clients. Le bénéfice de la création monétaire reviendrai­t à la BNS et par son intermédia­ire aux pouvoirs publics et à la population. Les banques commercial­es seraient rémunérées uniquement pour leur travail et pour les risques qu’elles prennent. C’est une des raisons de leur opposition au projet! Une critique sérieuse de l’initiative devrait pourtant évoquer cette possibilit­é. Il serait avantageux que le monde de la finance accepte d’examiner l’initiative avec plus d’objectivit­é, de sorte que ses arguments prennent du poids.

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